Clôture de l'exposition sur le Front populaire

Finissage de l’exposition « 36 / 36 »
Hôtel de Lassay – le 20 juin 2016.

Mesdames et Messieurs,
L’Assemblée nationale a été heureuse d’accueillir en son sein, cette très belle exposition 36 / 36 où les plus grands artistes contemporains ont rendu un hommage fort et puissant à l’anniversaire des 80 ans des congés payés et évidemment du Front populaire.

Cette cérémonie de « finissage » est l’occasion de rappeler ce que fût le Front populaire : une victoire politique et électorale à l’occasion des élections législatives de juin 1936, grâce à la coalition gouvernementale qui s’est constituée entre socialistes, communistes et radicaux. L’art de gouverner passe toujours par l’art de s’entendre et de s’unir ! Le Front populaire, dans l’histoire de la gauche, en est le premier exemple. Il reste une référence majeure de la capacité à s’entendre et à dialoguer entre forces politiques composant une coalition.

Il démontre la capacité à transformer la société, la vie des gens, par la force du dépassement des intérêts strictement partisans.

Que l’on songe à Maurice Thorez, secrétaire général du parti communiste au moment du Front populaire, et qui n’aura de cesse de dialoguer avec Léon Blum, semaine après semaine, pour porter la réforme et en partager les fruits politiques. En août 1936, il propose même d'élargir la base politique du Front populaire en faisant, à partir de l'antifascisme, un « Front des Français ».

Le Front populaire a montré que la Gauche peut réformer et porter le message de justice sociale, mais son unité est la condition de sa réussite.

C’est ici, à l’Assemblée nationale, que les conquêtes sociales majeures de la période ont été rendu possibles. C’est dans cette enceinte, naturellement, que nous devions rendre hommage à ce moment historique qui a porté une formidable promesse de justice et d’égalité tout en revendiquant un message d’éducation et de culture.
Grâce à Jean Zay, tout jeune ministre de l’éducation et des beaux-arts, la place de l’art et de la culture a été affirmée comme émancipatrice et préfiguratrice de ce qui fait la fierté de notre exception culturelle.  

L’art et la culture ont ainsi été invités, grâce à la proposition de la revue « Art Absolument » et à l’initiative de la Compagnie Internationale André Trigano, de proposer à 36 artistes de créer une œuvre originale sur cette thématique des premières vacances, sur un support imposé et très symbolique : une toile de tente recyclée.

Je veux ici saluer et remercier les artistes qui se sont pliés à la « contrainte », pour en sortir immédiatement… avec la liberté qui caractérise chaque pièce montrée dans cette exposition. Le résultat est magnifique ! Les œuvres présentées sont toutes inspirées. Leur découverte, vendredi dernier à l’occasion de la présentation à la presse, a fait l’unanimité.

Dans cette salle chargée d’histoire, l’art contemporain a trouvé sa place naturelle, grâce à une scénographie ingénieuse et très réussie. Vraiment, je veux à nouveau remercier tous les artistes pour leur engagement dans ce projet ambitieux et de grande qualité.
Je veux aussi saluer Teddy Tibi, sans lequel cette exposition n’existerait pas, de la revue Art Absolument, Éric de Ficquelmont, de la Compagnie Internationale André Trigano, qui a joué les mécènes, et le commissaire de l’exposition, Pascal Amel qui a conçu cette scénographie en définitive très intégrée, ce qui n’était pas le plus facile à réussir.

La période du Front populaire et de ses grandes avancées sociales et politiques, est également une période de confrontation artistique tourbillonnante. L’art déco se mesure au constructivisme, le surréalisme au réalisme, tout est matière à combustion dans tous les domaines de l’art, de la peinture à l’architecture, en passant par la littérature, la sculpture, et même le cinéma, sujet sur lequel le Centre National de la Cinématographie organisait ici même, le semaine dernière, un colloque consacré au front populaire et à la politique publique en faveur du cinéma.

C’est l’époque où la photographie devient un art revendiqué avec Robert Capa, David Seymour ou Willy Ronis. C’est la période où le cinéma parlant inonde les écrans et devient populaire.
De nombreux films illustrent la vie, le travail et les conditions de vie des ouvriers « La vie est à nous » de Jean Renoir », « La belle équipe » de Julien Duvivier, mais d’autres font appel à l’imaginaire ou au divertissement. Bref, le foisonnement artistique est partout et les grands noms émergent.

Ce foisonnement, pour l’éternité, est incarné par une loi : le 20 juin 1936, le Front populaire fait voter les congés payés. L’Assemblée nationale devait célébrer ce moment fondamental de l’histoire parlementaire.

Cette exposition est atypique dans sa commande ; elle est aussi originale dans sa logique, puisque le finissage de ce soir annonce le vernissage à venir à la Rochelle, puis à Sens, Gruissan, Thonon les bains, La Ciotat pour finir à la Courneuve à la fête de l’Humanité en Septembre prochain.
L’exposition est donc itinérante, dans les sites symboliques des premiers congés payés, avant une vente aux enchères qui sera organisée à la fête de l’Huma, sous le marteau d’Antoine Godeau de la Maison Pierre Bergé et Associés.

Je n’ai aucun doute sur le succès de cette vente. Certaines pièces s’arracheront et je souhaite que les enchères s’envolent !

En effet, les fonds ainsi récoltés permettront d’une part, de rémunérer les artistes qui se sont engagés dans cette aventure, mais contribueront aussi au soutien de deux associations caritatives : Le « secours populaire » et « Avenir social », pour financer des séjours de vacances. Tel est, en définitive, le message essentiel de cette exposition 36 / 36 : le droit aux congés payés reste d’actualité, et les familles les plus défavorisées de notre pays en sont encore privées. Cette conquête sociale reste d’une cruelle actualité.

Merci donc à tous pour votre engagement qui a permis de célébrer les congés payés par l’art et la création.
Merci à tous les artistes pour ce geste !