États généraux de l’Association « les Élus locaux contre le Sida »

18èmes états généraux des élus locaux contre le sida

Discours introductif

Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale

mercredi 27 novembre 2013

Madame la Ministre, chère Dominique Bertinotti,

Madame la première adjointe, chère Anne Hidalgo,

Mesdames et messieurs les Députés,

Monsieur le Président, cher Jean-Luc Roméro,

Mesdames et messieurs les élus,

Mesdames et messieurs les médecins,

Mesdames et messieurs les responsables associatifs,

Mesdames et messieurs,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir à l’occasion des 18èmes états généraux des élus locaux contre le SIDA. Je le suis d’autant plus que l’Assemblée nationale n’avait pas eu l’occasion de vous recevoir depuis de longues années.

Je salue les élus locaux, engagés pour plus de prévention, plus d’information, pour un meilleur accès au dépistage et aux soins. Je salue le personnel médical qui chaque jour accompagne les malades et fait progresser la recherche contre la maladie. Je salue, également, les responsables associatifs, qui mobilisent les Français, les professionnels et les pouvoirs publics dans la lutte contre le VIH. Je salue, enfin, Jean-Luc Roméro, président des élus locaux contre le SIDA, qui mobilise depuis des années les responsables politiques que nous sommes.

Depuis plus de 30 ans, vous menez une lutte sans merci contre le SIDA. Depuis plus de 30 ans, toutes les victoires remportées sur le sida, l’ont été grâce à votre militantisme et à votre engagement sans faille. Les médecins, les malades, leur famille et leurs amis, la société civile et les élus ont, chacun dans leur domaine, permis que la lutte contre le VIH et pour les droits des personnes vivant avec le VIH progresse. Soyez en remerciés !

Les résultats sont là : les progrès médicaux permettent de mieux vivre avec la maladie. Des avancées considérables ont été obtenues. Le sida est devenu, pour ceux qui ont accès aux soins, ce qui malheureusement n’est pas le cas de tous, une maladie que l’on appelle « chronique ». Certains sont concernés depuis plus de vingt ans et vivent aujourd’hui normalement. C’est une avancée et on doit s’en réjouir.

Mais pourtant, ne nous trompons pas : le combat doit se poursuivre ! En France, la pandémie continue à progresser. Chaque année, 8000 contaminations surviennent dans notre pays.

Les chercheurs continuent leurs travaux et c’est tant mieux. Mais, bien entendu, on ne gagnera pas la bataille contre le SIDA avec une approche uniquement médicale.

Car j’ai l’intime conviction que, plus que toute autre maladie, le SIDA appelle une réponse politique. Et je suis particulièrement heureux, en tant que Président de l’Assemblée nationale, maison de tous les citoyens, de vous accueillir pour cette journée que vous placez sous le signe de la lutte contre la discrimination.

Le combat contre le VIH et le combat contre les discriminations sont, en effet, intimement liés. Ils ne cessent de se croiser. Les femmes, les homosexuels, les étrangers, les toxicomanes sont particulièrement touchés par les discriminations. Et la maladie se propage plus vite là où il y a discrimination et stigmatisation. Le SIDA trouve dans l’ignorance le terrain favorable à son développement.

Vous le savez, je suis élu d’un département, la Seine-Saint-Denis, véritable Département-Monde où se rencontrent de nombreuses identités et cultures. Ce brassage culturel est, bien sûr, une richesse mais c’est également un facteur de vulnérabilité face à des épidémies mondialisées comme le VIH et les hépatites. Car, malheureusement, le VIH frappe prioritairement les populations les plus vulnérables et, notamment, les personnes migrantes originaires d’Afrique sub-saharienne. La lutte contre le SIDA est indissociable de la défense des droits des minorités, très représentées en banlieue. A cet égard, je me réjouis que la France ait pleinement rétabli l’aide médicale d’État.

Nous célébrions lundi la journée mondiale pour le droit des femmes. Eh bien, la lutte contre le SIDA c’est aussi le combat pour le droit des femmes. Car vous le savez, les femmes et les hommes ne sont pas égaux devant la maladie. Notamment parce qu’il est difficile de parler de prévention contre le SIDA sans évoquer le consentement et l’égalité dans le couple. La pandémie VIH s’est largement féminisée depuis 10 ans. D’ailleurs, les chiffres sont cruels : aujourd’hui, 51% des personnes vivant avec le VIH dans le monde sont des femmes.

La lutte contre le SIDA c’est aussi la lutte contre l’homophobie. D’ailleurs, la reconnaissance des couples de même sexe, avec le mariage pour tous, doit beaucoup au mouvement de la lutte contre le SIDA. Le combat contre cette maladie s’est, en effet, accompagné d’un mouvement pour la liberté sexuelle et pour l’égalité des droits.

Pour toutes ces raisons, la réponse que les pouvoirs publics et la société apportent à la pandémie doit conjuguer lutte contre les violences et les discriminations avec prévention, accès aux soins et recherche.

Il faut agir à l’école, dans l’entreprise, dans l’espace public, dans les services publics, contre le sexisme et contre l’homophobie. Car, c’est paradoxal, mais l’arrivée des traitements a pu conduire à oublier le combat pour l’acceptation des malades dans notre société. Moins visibles, ceux-ci devraient-ils aussi se taire ? Je ne le crois pas.

Les personnes séropositives sont-elles encore considérées comme des sous-citoyens, des charges pour la société ? Je laisserai les différents intervenants nous dire ce qu’ils en pensent. Mais une chose est sûre : l’accès aux soins et les progrès de la recherche doivent s’accompagner d’une intégration complète des personnes séropositives dans toutes les sphères de notre société.

Le chemin est encore long. Laissez-moi vous donner un seul exemple : le taux de chômage des personnes séropositives est encore deux fois plus élevé que celui de la population générale. Ce n’est pas acceptable.

Car au-delà de la souffrance que cela représente pour la personne porteuse du virus et sans emploi pour cette seule raison, ces discriminations sont un frein considérable à la lutte contre la pandémie.

Car, comment peut-on dire à une personne « dépistez-vous » alors qu’elle sait que son statut de séropositif va être source de discriminations et de précarité ? C’est très difficile.

Notre responsabilité collective, élus, associations, personnel médical c’est de faire en sorte que les personnes séropositives puissent dire leur maladie sans risque de discrimination. C’est, je crois, la condition sine qua non de la réussite de la politique de prévention et de dépistage.

Je vous souhaite un très bon après-midi de travail et de débat. Et que la lutte contre la maladie et pour l’égalité des droits continue !

Je vous remercie.