Les entreprises, moteur et acteur de la mutation écologique de nos sociétés - onzième débat du cycle des Mardis de l’Avenir

Les entreprises, moteur et acteur de la mutation écologique de nos sociétés - onzième débat du cycle des Mardis de l’Avenir

Mardi 3 février 2015

Monsieur le Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, cher Emmanuel,
Mesdames et Messieurs les députés,
Mesdames et Messieurs les représentants des entreprises, des associations et des syndicats,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux de vous retrouver ce soir pour le premier Mardi de l’Avenir de l’année 2015.

Ce début de mois de janvier meurtrier qu’a connu la France a conduit à un formidable élan d’unité nationale. Cette solidarité, quel dommage que nous ne sachions la trouver que dans les moments de tragédie…

Eh bien, je souhaite commencer par ce message. N’attendons pas que le climat nous mette devant une réalité tragique pour nous rassembler autour de l’essentiel.

Nous traversons une crise aux nombreux visages : économique, sociale, environnementale. La transition écologique a toute sa place dans la réponse que nous devons apporter durablement.

Nous voilà dans la dernière ligne droite de préparation de la COP21. C’est un rendez-vous historique dont la conclusion décidera en partie de la vie de nos enfants et de nos petits-enfants, et dont la réussite n’est pas un choix, mais un impératif. L’urgence climatique ne doit pas être la seule affaire des négociateurs. Cela doit être l’affaire de tous.

Il nous incombe, chacun à notre niveau, de contribuer à sa réussite pour prévenir l’emballement climatique déjà en marche. Pour y arriver, toutes les échelles sont importantes, du local au global. Pour y parvenir, tous les acteurs sont utiles. Et au sein de la société civile, l’action des entreprises est primordiale.

Ce soir, la nouvelle édition des Mardis de l’Avenir est consacrée aux entreprises. J’ai souhaité que nous traitions de leur place et de leur action dans la transition écologique. Je le dis, non, l’écologie et l’économie ne peuvent être mises dos à dos. La transition écologique est une chance et un des leviers du redressement économique. Et au cœur de celle-ci, nos entreprises, leurs dirigeants et leurs salariés, ont un rôle déterminant à jouer.

Les entreprises sont au cœur des enjeux environnementaux. Elles sont souvent les intermédiaires entre les consommateurs et les ressources naturelles de notre planète.

Elles peuvent aussi exercer une pression sur la biodiversité, émettre des gaz à effet de serre et générer d’autres pollutions. Ce n’est en rien les stigmatiser, ni déresponsabiliser les consommateurs. Ce dont il s’agit, c’est de reconnaitre que nos entreprises ont un rôle capital à jouer et sont un formidable levier pour la transition écologique.

Si nous créons les conditions favorables, elles sont capables de faire évoluer leurs pratiques, d’encourager le changement dans leurs filières et de s’engager vers un modèle de production de moins en moins polluant et consommateur de ressources.  

Nombreuses sont les initiatives qui démontrent la capacité des entreprises à créer des dynamiques positives sur un territoire sur le plan environnemental et social. C’est ce type de pratiques que nous devons encourager.

La période actuelle de baisse des prix du pétrole est opportune pour repenser l’ambition de notre contribution climat énergie, inscrite dans le système fiscal français depuis fin 2013, et du prix européen sur le carbone.

La transition écologique sera créatrice de nouveaux emplois et de nouvelles filières. Mais il ne s’agit pas seulement d’évoquer ce soir ce qui sera nouveau. La transition écologique concerne toutes les entreprises et tous leurs salariés. Que faisons-nous pour accompagner les filières de l’« ancienne économie », qui sont au premier regard appelées à ne pas subsister au vu de la nécessaire conversion écologique de notre économie ? Comment assurer les transitions professionnelles et faire en sorte que tout salarié trouve sa place dans la mutation écologique de notre société ? Nous devons faire preuve de courage et aborder la question de l’avenir des filières appelées à changer.

La crise est dure pour de nombreux secteurs. Les solutions pour améliorer leur compétitivité résident dans la transition écologique.

Je veux citer par exemple le rapport du député Serge Bardy, qui a montré que l’économie circulaire était un puissant levier pour sortir la filière papier de ses difficultés actuelles.

Dans le cadre du renforcement du dialogue environnemental souhaité par le Président de la République, je défends l’idée que les associations environnementales puissent participer aux conférences sociales, au même titre que les syndicats et le patronat participent aux conférences environnementales.  

La crise globale actuelle nous appelle à innover sur les structures mêmes des liens marchands entre les entreprises et les citoyens. L’économie collaborative, de partage et de la fonctionnalité, sont de vastes chantiers qui permettent d’économiser en matières premières et de créer du lien social. Le numérique est un des catalyseurs de développement de ces nouveaux modèles. Nous devons les valoriser davantage.

Nos entreprises sont prêtes pour la révolution verte. C’est à nous, responsables politiques, de la stimuler et de l’amplifier. Cela ne consiste pas en un verdissement de leur activité.

Les entreprises doivent avoir une approche transversale intégrant les aspects économique, social, environnemental et sociétal au cœur de leur stratégie. Je tiens à souligner le levier puissant de la commande publique qui doit intégrer l’éco-conditionnalité, prendre en compte l’innovation technologique et sociale, et favoriser l’émergence des ETI et des PME.

Enfin, quelques signaux permettent de penser que la donne a changé et qu’il y a un élan positif. Dans les derniers grands rendez-vous diplomatiques, traditionnellement tournés vers les questions économiques, il a été question de climat : en novembre, lors du déplacement de Barack Obama en Chine ; en décembre au G20 en Australie ; à Davos, au forum économique mondial en janvier, où le Président de la République a appelé à une réponse globale sur le climat.

Je terminerai en vous avouant que moi aussi, j’aime l’entreprise…

J’aime l’entreprise… et j’aime l’environnement aussi ! Il n’y a pas à les opposer. Je suis un humaniste, et je crois fermement qu’il n’y a pas à choisir entre l’économie et l’écologie. Si nous avons un choix à faire, alors choisissons la vie !

Comme le préconisait Aristote, l’économie doit intégrer les limites de sa ressource principale, celle de la Terre. Osons imaginer dans 30 ans une économie qui ne porte plus atteinte à l’environnement naturel.

Sans plus attendre, je donne la parole à Amandine Bégot qui animera la soirée.

Je vous remercie.