Projection du documentaire: "Les enfants de la grâce de Dieu"

Projection du documentaire
Les enfants de la grâce de Dieu
Hôtel de Lassay, jeudi 5 février 2015, 16h30

Madame la Ministre,
Chère Laurence Dumont,
Monsieur le Préfet, cher Rémy Pautrat,
Monsieur le Directeur de France Terre d’Asile,
M. Mc Nair,
Mesdames et Messieurs,

Bienvenue à l’Assemblée nationale. C’est un grand moment d’Histoire qui nous réunit aujourd’hui, à l’occasion de la diffusion, dans nos murs, de ce documentaire consacré à la rencontre de deux univers que rien ne prédisposait à se côtoyer.

L’activisme politique d’un côté, le courage de vouloir vivre dans un monde meilleur sans faire de concession à aucune faiblesse, à aucune tranquillité ; la vie quotidienne de nos quartiers de l’autre, la vie d’un quartier populaire d’une ville française, notre chère ville de Caen.

Nous allons voir comment une vie de lutte, de résistance, de violence aussi, peut se transformer en vie d’engagement. Quelle vie que la vôtre, cher Melvin Mc Nair. Vous êtes dans les livres d’Histoire du XXème siècle, aux côtés de votre épouse Jeane, qui, là où elle est, nous regarde aujourd’hui et vous soutient de sa fierté et de son amour. Le mouvement révolutionnaire des Black Panthers a fasciné, a interpellé la France, vous le savez. Le grand écrivain Jean Genet a raconté dans son livre de mémoires, Un captif amoureux, comment il a voulu s’engager à vos côtés. Il est alors entré aux États-Unis clandestinement par le Canada, avant de rencontrer Angela Davis qui traduisait elle-même ses cours universitaires de soutien au mouvement. Jean Genet fut d’ailleurs un de vos soutiens les plus fervents lors de votre procès en 1978. Il y avait, à ses côtés, Simone Signoret et Yves Montand.

Cette Histoire de l’émancipation, avec sa grandeur, ses excès, ces incompréhensions, ses espoirs populaires, vous l’avez, à un moment de votre vie, mise aux services d’un quartier de Caen.

Avec l’aide du Préfet Rémy Pautrat, qui nous fait l’honneur de sa présence aujourd’hui, vous convertissez les habitants du quartier aux vertus du base-ball, tandis que votre épouse crée une association pour les enfants, Espérance et Jeunesse. Vous devenez des figures incontournables du travail social de cette terre du Calvados.

Aujourd’hui, nous sommes réunis autour de vous, avec tous les acteurs de votre Histoire. Il y a votre famille bien sûr. Il y a les bénévoles de l’association Espérance et Jeunesse. Il y a les salariés du Centre socio-culturel si important pour la vie de ce quartier, des représentants de collectifs urbains. Et il y a bien sûr, toute l’équipe du film, une occasion pour féliciter toute l’équipe de France Télévisions qui, encore une fois, fait œuvre de connaissance et d’édification. Tous chantent l’épopée de cette intégration plus que réussie, et cet engagement au service des idéaux républicains de cette patrie, la France, qui, après vous avoir admirés, vous a adoptés.

C’étaient d’ailleurs ses principes, que vous vouliez voir appliquer aux États-Unis et qui sont à la source de votre combat. La liberté et l’égalité, bien entendu, mais l’égalité concrète, pas celle de papier ou de principes, celle que l’on constate, dans la vie quotidienne, dans la vie des travailleurs, dans la vie des quartiers, dans la vie des villes.

Et c’est une certaine conception de la ville que nous célébrons ici aujourd’hui. J’en suis particulièrement heureux, ayant il y a quelques années, aux côtés de Lionel Jospin, assumé les responsabilités qui vous échoient, Madame la Ministre, chère Myriam El Khomri. La ville, la politique urbaine, et je sais que nous sommes d’accord, doit être fondée sur des principes d’organisation qui régulent les exclusivités portées par une tendance des bourgeoisies à toujours se réserver ce qu’il y a de meilleur : la culture, le sport, l’air pur, la beauté des bâtiments, les infrastructures, les transports, les perspectives de carrière et d’embellissement. Cela, nous l’avons refusé, et nous avons toujours œuvré pour ouvrir les perspectives, faire vivre les gens ensemble et surtout, surtout, porter partout, sur chaque centimètre carré de la ville française, les promesses de la République.

Si nous tentons ce défi, si nous sommes engagés dans ce combat depuis longtemps et pour toujours, c’est grâce à des gens comme vous. C’est vous qui transmettez l’énergie de la vie de quartier, c’est votre ardeur quotidienne à faire vivre ensemble enfants et personnes âgées, travailleurs et demandeurs d’emploi, femmes et hommes, les êtres qui souffrent comme les êtres qui espèrent, qui nous donne le courage de continuer et la conviction de gagner, chaque jour davantage, contre toutes les fatalités.

Merci à tous.