Réception du comité de suivi des accords de Nouméa

Réception du comité de suivi des accords de Nouméa

Vendredi 3 octobre 2014

Madame la ministre, chère George
Mesdames et Messieurs les parlementaires
Monsieur le président du congrès,
Madame la président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie,
Messieurs les présidents des assemblées des provinces,
Monsieur le haut-commissaire,
Mesdames et messieurs,

 
C’est avec un très grand plaisir que je vous accueille ce soir, dans cette maison qui est celle de tous les citoyens.

J’ai souhaité, en tant que président de l’Assemblée nationale, vous recevoir, vous les membres du comité des signataires, vous les représentants  des forces politiques engagées depuis 26 ans, à la suite du geste fondateur de Jean-Marie Tjibaou et de Jacques Lafleur, dans une démarche de réconciliation et de construction d’un avenir commun.

Tout d’abord parce que les parlementaires ont, en 1998, scellé la loi constitutionnelle issue des accords de Nouméa. Je me souviens de la qualité des débats, de l’absence de toute polémique et du soutien unanime de l’ensemble des groupes politiques, traduisant celui de la Nation toute entière.

Ensuite, parce que les Outre-mer et en particulier la Nouvelle-Calédonie ne sont pas les oubliés de la représentation nationale. C’est pour inscrire cet engagement de tous et renforcer leur présence au sein de l’Assemblée nationale que la Conférence des Présidents a décidé dès juillet 2012, sur ma proposition de créer une délégation aux Outre-mer, composée de 63 députés et non seulement les 27 députés ultra-marins.

A titre personnel enfin, car le déplacement dans votre territoire, à l’occasion de la mission d’évaluation de la loi pour le développement économique des  Outre-mer que j’ai conduite en 2010 avec Gaël Yanno, a été pour moi un temps très fort, celui de la découverte d’une société qui assume son passé sans régler de vains comptes et qui construit pas à pas un nouveau contrat social et politique. 
Il y a 4 ans, la Nouvelle-Calédonie s’est dotée d’une devise : « Terre de parole, terre de partage ». La parole, c’est-à-dire  le verbe, dit et transmis, qui porte l’histoire et la mémoire et qui est au cœur de la culture kanake.

La parole, c’est-à-dire bien sûr également l’engagement. Qui engage la responsabilité des différentes parties et de l’Etat.

Pour reprendre les mots de Vaclav Havel, « Chaque parole renferme en elle la personne qui la prononce, la situation dans laquelle elle est prononcée et la raison qui veut qu'on la prononce. »

Ces mots, il les prononça comme une mise en garde : « Le même mot peut être vrai un jour et mensonger un autre, un jour lumineux, un autre néfaste ». Depuis l’engagement des Accords de Matignon, renouvelé dix ans plus tard dans l’Accord de Nouméa, vous avez su les uns et les autres avancer, étape par étape. Non sans difficultés, non sans hésitations mais convaincus que votre responsabilité était de ne pas trahir le sens de cette poignée de mains du 26 juin 1988.

La Nouvelle-Calédonie, terre de parole donc et terre de partage également.

Une terre de partage parce qu’une terre partagée.

Culturellement tout d’abord. Vous le savez bien, un lien social durable ne peut se construire sans interculturalité. L'appropriation par tous les Calédoniens du Centre culturel Tjibaou, ce magnifique espace dont François Mitterrand avait affirmé l’importance en l’inscrivant dans le programme des Grands Travaux de la République, est l’illustration que cette ambition avance.

Économiquement ensuite. Cet avenir ne pourrait non plus se construire si vous n’aviez pas su regarder en face les inégalités héritées d’un siècle d’histoire coloniale et voulu travailler ensemble à les résoudre, parce qu’elles ne sont pas une fatalité. Vous le faites, avec le soutien de l’État qui tient et continuera de tenir, je n’en doute pas, ses engagements dans la politique de rééquilibrage économique.

Écologiquement enfin. J’ai voulu, avec les Mardis de l’avenir, que cette Maison soit le lieu où l’on prépare la France de demain et d’après-demain. Comment dès lors pour moi ne pas saluer cette initiative du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie qu’est l’organisation d’un sommet annuel du développement durable océanien, « Oceania 21 » et qui réunit les 14 pays et territoires de l’Océanie qui souhaitent travailler ensemble à un développement durable de la région.
Ces succès, ce sont les vôtres, l’incarnation depuis un quart de siècle, d’une volonté partagée de construire la paix et la prospérité d’une terre commune. Aujourd’hui, avec ce douzième comité des signataires,  s’ouvre la perspective d’une échéance majeure. Celle de l’après-Accord de Nouméa, celle du statut et de l’organisation de la Nouvelle-Calédonie dans l’avenir. 

Le comité des signataires avait confié à Messieurs Courtial et Melin-Soucramanien une mission de réflexion. Les conclusions de leur travail vous seront, j’en suis convaincu, très utiles dès lors que vous aurez à définir aux électeurs ce que serait, pour chacun de vous, l’avenir du territoire. Parce qu’en exprimant concrètement cet avenir, vous trouverez plus facilement de nouvelles convergences et les mots pour les faire partager.
 
Mesdames, Messieurs, Le Président de la République et le Premier ministre ont plusieurs fois eu l’occasion de vous rappeler que l’État serait présent pour vous accompagner dans vos réflexions tout en vous laissant la pleine responsabilité de la décision. Sachez que l’Assemblée nationale sera aussi pleinement présente à vos côtés. Je proposerai dans quelques jours à la conférence des présidents la création d’une mission d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Parce qu’il ne saurait s’agir d’une question partisane, elle réunira des députés issus des six groupes de l’Assemblée nationale et sera un lien entre les élus du Congrès, des provinces et des communes de la Nouvelle-Calédonie et la Représentation nationale.

Je sais aujourd’hui qu’un avenir commun et partagé en Nouvelle-Calédonie est non seulement possible mais à portée de main. J’ai confiance dans le sens de l’Histoire des signataires de l’Accord et des forces politiques qui les entourent pour l’écrire ensemble, quel que soit le statut qui sera finalement retenu.

Je vous remercie.