Remise des prix du Trombinoscope 2013

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Remise des Prix du Trombinoscope 2013
28 janvier 2013

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Madame la ministre,

Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs les parlementaires, mes chers collègues,

Mesdames et Messieurs les lauréats,

Mesdames, Messieurs,

C’est un grand plaisir de vous accueillir ce soir à l’Assemblée nationale, pour la remise des Prix du Trombinoscope 2013.

Je remercie ici sincèrement et chaleureusement votre publicationLe Trombinoscope, qui n’est pas qu’un annuaire, comme tous les acteurs, commentateurs ou observateurs de la vie politique française le savent si bien.  

C’est un outil devenu indispensable pour nous tous, qui, plongés jusqu’au cou dans les méandres et les surprises de l’actualité politique, sommes souvent à la recherche du bien le plus précieux, le plus décisif : l’information.

Vous êtes les grands prêtres des informations, biographiques, juridiques, iconographiques, vous avez réussi le défi incroyable de mettre le monde entier sous des étiquettes d’une précision et d’une fiabilité inattaquables. Si j’osais cette expression issue de la faune, et n’y voyez aucune provocation, au contraire, en ces temps d’exigence de qualité biologique durable (c’est un grand compliment), je dirais que vous assurez la traçabilité du personnel politique français.

Bienvenue, donc, à l’hôtel de Lassay, bienvenue chez vous, dans ce bâtiment de tous les Français, où bat le cœur de la démocratie. Cette expression n’est en aucune manière métaphorique. Quand je dis le cœur de la démocratie, je parle de cœurs individuels, localisables, concrets, des cœurs qui existent.

Car la politique n’est pas une succession de scènes écrites à l’avance, où l’on connaît un texte que l’on récite, avec, à côté, un souffleur, un metteur en scène et des rideaux qui tombent quand la fatigue survient. Non non, le Palais Bourbon n’est pas la Comédie française.

La politique est faite avant tout, et les mandataires du peuple dont je croise ici les regards ne me contrediront pas, la politique est faite avant tout d’imprévus, d’impatiences et d’actions humaines, volontaires, de saillies individuelles et d’audaces collectives. Bref, aucune politique n’existe sans femmes et hommes faits de chair, de sang, d’âme, de sourires et de larmes.

C’est toute la beauté de cette activité que nous voudrions toujours aussi noble que dans notre idéal.

Eh bien les lauréats de ce soir, j’en suis sûr, formeront un échantillon précieux et salutaire.

Précieux car il sera composé de femmes et d’hommes dont l’engagement pour la chose publique n’a jamais souffert d’aucune concession éthique, femmes et hommes dont les vies politiques, riches de fonctions diverses, d’origines multiples, pourraient être un modèle pour les jeunes qui s’engagent.

Salutaires car, dans ce temps de construction d’un nouveau monde, dans ce temps menacé par les extrémismes, les défiances, les suspicions et les cynismes, leurs parcours et leurs discours rendent à la politique noble, la politique née en Grèce il y a 2500 ans, un hommage qui encouragera les nouveaux venus sur le forum des ambitions et des entreprises de conviction.

Car, de la même manière que je ne cesserai de dénoncer avec la plus grande fermeté le French bashing de certains leaders d’opinion trop prompts à vouloir enterrer un modèle social qui appartient à la France comme ses cathédrales et ses paysages, je m’opposerai aussi au dénigrement trop facile des femmes et des hommes qui s’engagent.

 Des femmes et hommes qui assument des mandats, qui affrontent les suffrages d’un peuple dont l’exigence est grande et les attentes immenses. Oui, être une personnalité politique est parfois difficile aujourd’hui. Oui, assumer une fonction politique n’est pas le meilleur moyen d’être aimé de tous dans un consensus confortable. Rentrer dans l’action politique, c’est être l’intermédiaire toujours actif et toujours audacieux entre les promesses qu’une époque fait à son peuple, et les réalisations imparfaites dont on déplore avec raison les injustices, les défauts et les dérapages. Tant qu’il existera un malheureux sur terre, les femmes et les hommes politiques n’auront droit qu’à un repos bien instable. On n’entre pas dans l’organisation sociale comme on entre dans un manège : le tourbillon ne s’arrête jamais.

Eh bien, si on ne peut l’arrêter, au moins suspendons-le quelques instants.

Quelques instants, ayons la joie et la fierté de célébrer quelques-unes et quelques-uns d’entre nous, qui auront montré, tout au long de l’année 2013, ce que signifie le courage, ce que signifie la dignité, ce que peut une volonté quand elle rompt les immobilismes et les fatalités.

Nous verrons ce soir des élus empreints d’humanité que rien n’a fait fléchir, qui figurent non seulement un territoire, mais chacun de ses habitants, leurs destins et leurs espoirs.

Nous verrons ce soir des élus qui incarnent une capacité à penser l’avenir avec la volonté courageuse d’y placer leurs convictions et leurs principes.

Nous verrons ce soir des élus capables de faire partager avec talent et énergie une expérience de pouvoir unique, à la fois savoureuse,  effrayante et passionnante.

Nous verrons ce soir des élus confrontés au rythme des bouleversements planétaires, tenter et réussir de les concilier avec l’idéal universaliste d’une grande histoire politique.

Nous verrons ce soir des élus, français et européens, symboliser l’engagement pour une aventure européenne qui reste et restera, malgré toutes les tentatives de la fragiliser, la fierté de plusieurs générations.

Nous verrons enfin une personnalité politique de l’année qui édifia nos concitoyens par sa dignité, sa force de conviction, sa rhétorique et un courage qui réconcilièrent, j’en suis sûr, tant d’entre eux avec la politique.

Qu’ils soient tous félicités.

Ne boudons pas notre plaisir, femmes et hommes de l’engagement issus de traditions diverses, de retrouver ce soir, entre ces murs chargés d’histoire, le goût et la saveur des compliments sincères.

Merci.