Une amitié franco-chinoise, franche et porteuse d'avenir
Par Claude Bartolone, Président de l'Assemblée nationale
Le 27 janvier 1964, le général de Gaulle prenait la décision historique de rétablir les relations diplomatiques de la France avec la République populaire de Chine. 50 ans plus tard, jour pour jour, j’ai le grand honneur d’avoir été invité par le Président de l'Assemblée populaire nationale à célébrer à Pékin cet anniversaire franco-chinois.
Au cours d’un voyage diplomatique, qui aura duré cinq jours, je me suis longuement entretenu avec le Président de la République populaire de Chine, M. Xi Jinpin, avec mon homologue, M. Zhang Dejiang, avec Mme Liu, vice-première ministre du Conseil des affaires d'Etat de Chine, plusieurs responsables locaux et nationaux, ainsi qu’avec un grand nombre d’acteurs économiques.
Le haut niveau de ces entretiens politiques est une marque particulière de considération à l'égard de l'Assemblée nationale et de la France. Le peuple chinois a témoigné son grand attachement à cette commémoration : c'est la liberté et l'esprit d'indépendance de la France qui est mise en avant à travers la décision visionnaire du général de Gaulle. Notre relation politique s'est construite sur ce geste fondateur. Les Chinois ont une grande fidélité à l'Histoire, pour les meilleurs moments et les moments les plus difficiles aussi.
Je retiens de ma visite à Shenyang, une forte impression de volontarisme politique pour construire la ville du XXIème siècle et répondre aux enjeux des métropoles de demain, solides, solidaires et durables. Il n'y a qu'en Chine ou l'on construit les lignes de tramway avant la ville elle-même et l'arrivée des habitants !
Je garde en mémoire aussi le visage de nos champions nationaux en Chine : Michelin, premier site de production de pneumatiques en Asie et le tramway opéré par une entreprise française.
La problématique environnementale est omniprésente. À Pékin, la chape de pollution est perceptible. Les Chinois sont désormais résolus à ce que le développement économique aille de pair avec une vraie prise de conscience écologique.
Dimanche soir, plus de 500 personnes présentes à la réception franco chinoise à l'ambassade. Un grand succès. Des vœux à fois pour l'année du Cheval et pour une relation franco-chinoise qui avance au galop !
Aujourd'hui, des cérémonies officielles. Un banquet à la dimension d'une visite d'Etat au Grand palais du peuple. Puis la visite de l’hémicycle. 10 000 places… Impressionnant.
Ensuite, un entretien avec Mme Liu, vice-première ministre. Nous avons parlé de la jeunesse et du renforcement des échanges étudiants. J'ai souligné les efforts réalisés par la France pour faciliter l'accès aux visas et les échanges étudiants.
Aucun sujet tabou dans les échanges politiques. Dans le cadre de l'abolition des camps de rééducation décidée lors du dernier plénum, j'ai demandé des précisions sur la ratification par la Chine du pacte des Nations unies sur les droits civils et politiques. La France est fidèle à elle-même en abordant tous les sujets, y compris les plus sensibles.
Le soir, pour l'exposition de la fondation Charles de Gaulle, avec Jacques Godfrain, son président, j'ai rappelé qu'avec la présence de l'Assemblée nationale le 27 à Pékin, c'est le peuple français qui dit son amitié au peuple chinois. J'ai insisté sur les efforts de la France pour se moderniser économiquement.
Je rentre en France plus que jamais convaincu que cet anniversaire n’est pas simplement une commémoration, mais une promesse d’avenir.
Une promesse pour notre économie. De nombreuses entreprises françaises, dans des secteurs de haute technologie, dans le nucléaire ou l’industrie du luxe, ont su d’ores et déjà montrer la voie, en trouvant leur place sur le marché chinois. Inspirons-nous de ces exemples ! Car c’est cette voie qui permettra à la France d’entrer pleinement dans le nouveau Monde. Un monde dans lequel notre pays doit faire valoir ses atouts, et défendre ses intérêts via notamment une politique commerciale européenne renforcée.
Pour cela, nous devons retrouver l’esprit de conquête, un esprit qui permettra à la France de gagner de nouveaux marchés et de réussir dans la mondialisation, tout en restant fidèle à son histoire, à son modèle social et à son goût de la solidarité.
Cet anniversaire doit être également une promesse d’avenir pour la question des droits de l’homme en Chine. Je l’ai dit à mes interlocuteurs, si la Chine est d’ores et déjà un géant économique, elle doit avancer sur la question des droits et des libertés. Les progrès réalisés dans ce domaine au cours des dernières années doivent être soulignés et encouragés.
Mais que cela soit dans le domaine de l’économie ou des libertés, qu’on se le dise : par-delà ces magnifiques célébrations, une amitié franco-chinoise, franche, lucide, concrète, et résolument tournée vers l’avenir, se met en place.