15e colloque annuel du Syndicat des énergies renouvelables
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Discours prononcé par M. Claude Bartolone
Président de l'Assemblée nationale
Unesco - Jeudi 6 février 2014
Monsieur le président Bal,
Messieurs les ministres,
Monsieur le secrétaire d’État,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Je suis très honoré d’être parmi vous aujourd’hui pour introduire le quinzième colloque du syndicat des énergies renouvelables.
C’est une tâche délicate qui m’incombe. Je dois prendre la parole après des interventions aussi précises que techniques, sans être un spécialiste ni des questions d’énergie, ni des questions diplomatiques !
Mais je ne vais pas me défiler et je vous propose, comme depuis mon perchoir, de prendre un peu de recul.
Vous êtes les acteurs économiques d’un nouveau monde dans lequel la France doit trouver sa place et affirmer ses atouts.
Et vous êtes réunis aujourd’hui pour évoquer ce qui sera la grande cause industrielle du XXIe siècle : le développement des énergies renouvelables.
Je ne crois pas que notre pays et notre continent traversent simplement une crise. Ce n’est pas un soubresaut économique ou une convulsion sociale auxquels nous assistons : nous sommes entrés dans un nouveau monde.
Le nouveau monde, ce sont ces petites révolutions dans nos façons de consommer les biens, les technologies, le savoir…
Le nouveau monde, il est palpable aussi dans la tectonique des plaques continentales. Nous sommes entrés dans un monde organisé en puissances continentales. Et la présence parmi vous d’entreprises et d’élus d’Europe et au-delà est un signe que la mondialisation peut être appréhendée dans un mode collaboratif.
Si je vous parle de cela, c’est parce que certains de nos compatriotes se disent qu’ils n’ont pas, et qu’ils n’auront jamais, leur place dans ce nouveau monde.
En particulier lorsqu’on parle de l’énergie, nous devons être attentifs à ne pas sacrifier la cohésion sociale à une forme de bien-pensance écologique.
Nous avons l’obligation de traiter de concert les enjeux sociaux, économiques et environnementaux alors que nous questionnons les fondements de notre modèle de développement.
Défendre les énergies renouvelables, c’est mettre en valeur des technologies nouvelles, dont le caractère innovant et l’impact économique et environnemental est palpable, visible, par tous nos compatriotes.
C’est offrir aux français d’entrer dans ce nouveau monde en les rendant acteurs de ces transformations. Produire son énergie grâce au bâtiment que l’on habite, faire rouler sa voiture aux carburants décarbonés, se chauffer en valorisant ses déchets …
Oserais-je dire… c’est la mondialisation heureuse.
À condition, et je ne suis pas si naïf, de trouver le juste équilibre pour inciter au développement des énergies nouvelles sans déstabiliser brutalement notre modèle économique national et en valorisant nos savoir-faire.
À condition, aussi, de mettre au service de cette cause l’ensemble des outils de financement dont nous disposons et notamment la banque publique d’investissement en prenant le risque de l’innovation et de la créativité, en particulier dans nos PME.
À condition, enfin, de compter sur toutes les parties prenantes, y compris les associations citoyennes, qui vous soutiennent notamment au travers du financement coopératif. Elles vous engagent dans une nouvelle relation aux territoires et à leurs habitants.
Nous devons renouer avec l’esprit de conquête pour permettre à chacun de trouver sa place dans la société.
L’esprit de conquête, c’est d’abord croire en nous-mêmes.
Je dois vous dire que je ne supporte plus les discours de lamentation.
Bon sang, la France, ce n’est pas rien !
Nous semblons l’oublier quelquefois, mais nous sommes la
5e puissance économique au monde !
Nous sommes le 1er pays agricole d’Europe ! Et nous savons bien que l’agriculture participera de plus en plus aux ressources renouvelables de notre mix énergétique avec le développement de la méthanisation, des nouveaux carburants.
Nous sommes la 2e puissance maritime juste après les
États-Unis ! Et quel enjeu là-encore que d’exploiter nos côtes littorales pour le développement des énergies marines.
Nous disposons d’un terrain d’expérimentation et de démonstration unique au monde. Et puisque je nous compare aux États-Unis, je forme un vœu : engageons nos forces industrielles sur les énergies marines renouvelables plutôt que sur le gaz de schiste… nous verrons dans dix ans qui aura réussi son pari.
Nous sommes également un géant intellectuel et scientifique, 4e pays du monde au classement des prix Nobel ! Mettons nos ingénieurs au travail pour innover dans l’industrie de l’énergie.
Oui, nous pouvons être fiers de notre pays, de nos compatriotes, de notre modèle.
Vous l’aurez compris, de ce nouveau modèle de développement, tous les acteurs économiques doivent en être. C’est le sens du Pacte de responsabilité voulu par le Président de la République.
Nos champions de l’énergie ont pour certains soixante-dix ans d’existence et des carnets de commande dans le monde entier. Ils ont contribué au développement de nombreuses PME, ETI.
Ce bagage, il faut le moderniser, mais il peut encore servir.
Mettons-le au profit d’une stratégie ambitieuse qui permette à la France de tenir son rang.
Je voulais vous dire l’émotion que j’éprouve à me tenir auprès de Francis Collomp, ancien otage français au Nigeria, et salarié de l’entreprise française Vergnet, spécialisée dans le secteur de l’énergie éolienne.
Il recevra tout à l’heure des mains de Laurent Fabius le « Trophée 2014 des énergies renouvelables ».
C’est un très bel hommage, à l’homme d’abord, qui a failli payer de sa vie cet engagement professionnel. Mais aussi à l’œuvre, qui consiste à faciliter l’électrification des pays en voie de développement à travers des sources renouvelables.
Fournies par le soleil, le vent, la chaleur de la terre, les marées, la croissance des végétaux, ou nos propres déchets, les énergies renouvelables n’engendrent pas ou peu d’émissions polluantes.
Elles participent à la lutte contre l’effet de serre et les rejets de CO2 dans l’atmosphère, facilitent la gestion raisonnée des ressources locales, et génèrent des emplois.
Le solaire, l’hydroélectricité, l’éolien, la biomasse, la géothermie sont des énergies aux flux inépuisables par rapport aux « énergies stock » tirées des gisements de combustibles fossiles en voie de raréfaction.
Les énergies renouvelables sont pensées comme vecteur d’une nouvelle croissance économique et de nouveaux emplois. En France, elles sont nées avec ce siècle, où elles ont pu, pendant un temps, croître sans faire d’ombre au système énergétique établi.
Aujourd’hui, elles sont sorties de la marginalité. Il nous faut repenser leur environnement économique, législatif, technique pour qu’elles puissent poursuivre leur développement et s’épanouir en valorisant tous leurs atouts.
Ce serait notre « retour vers la nature » ? Une gabegie financée par de généreuses aides d’État ? Ne versons pas dans la caricature. Nous pouvons diversifier notre mix énergétique sans revenir à la voiture à cheval. Et vous êtes là pour le prouver.
La demande globale en énergies renouvelables n’a cessé d’augmenter.
Les chiffres sont là pour le prouver.
En 2011, leur part dans le mix énergétique mondial représentait 19 %. Entre 2011 et 2012, la capacité installée a augmenté de 8,5 %. Des programmes de développement se mettent en place à travers le monde.
Dans l’Union Européenne, les énergies renouvelables ont représenté 70 % des nouvelles capacités électriques installées en 2012.
Pour prendre notre part dans ce grand projet collectif, qui contribue à la lutte contre le réchauffement climatique, pour nous permettre d’honorer nos engagements européens, et de nous présenter fièrement au monde lors de la conférence sur le Climat en 2015, nous devons réformer notre cadre législatif.
Nous devons engager la simplification des normes pour éviter les procédures absurdes et les injonctions contradictoires.
Les acteurs des énergies renouvelables que vous êtes attendez avec impatience la publication de la loi sur la transition énergétique, en espérant qu’elle offrira les gages suffisants pour offrir aux entreprises la visibilité qu’elles attendent pour garantir leur développement.
Eh bien je peux vous garantir que les parlementaires sont très motivés également !
Dans toutes les commissions, et je ne dis pas cela par hasard, la transition énergétique mobilise les députés, et ils sont prêts à en découdre.
Mesdames et messieurs, vous avez devant vous une riche journée de débats. Je vous la souhaite constructive et efficace.
Je vous remercie.