Discours d’ouverture
1er forum Grand Paris « Innover pour réussir »
Association Paris Ile de France Capitale économique
Jeudi 13 février 2014 – CCI Ile-de-France
Monsieur le président, cher Pierre Simon,
Madame la directrice générale,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Nous avons vécu ces dernières semaines un moment extraordinaire de notre histoire.
La métropole du Grand Paris, c’est l’histoire d’un projet qui redonne ses lettres de noblesse à l’idée même de la politique.
Après des années d’hésitations, de tergiversations, de négociations, de réflexions, et même de propositions… la métropole est en marche. Elle est une réalité, inscrite dans le marbre de la loi de la République.
Puisque vous m’en donnez l’occasion, je voudrais vous raconter l’histoire de cette révolution, comme je l’ai vécue.
La métropole du Grand Paris, c’est l’histoire rocambolesque d’un coup de théâtre parlementaire.
Le Sénat, aux prémices de l’été 2013, renvoie aux députés une page blanche sur le Grand Paris. C’est alors qu’une poignée de parlementaires s’empare de l’occasion pour organiser un véritable « big bang » territorial.
L’histoire saura retenir leur nom, mais permettez-moi de leur rendre hommage : Alexis Bachelay, Carlos da Silva, Jean-Marie Le Guen.
Il s’agit là d’un big bang éminemment politique, dont nous ne mesurons pas encore, croyez-moi, tous les impacts sociaux, économiques et environnementaux.
Les premiers temps, l’effet de surprise a pu froisser quelques sensibilités. Mais demain, ce sont les habitants qui nous remercieront.
Pourquoi le Président de l’Assemblée nationale que je suis attache-t-il tant d’importance au Grand Paris ?
Le Grand Paris, c’est sans doute l’un des plus grands projets du siècle pour la France. Les lois Deferre ont été un grand pas au 20e siècle. La révolution métropolitaine sera le pas de géant du 21e siècle.
Le Grand Paris, ce n’est pas un « machin »: c’est un projet de société. C’est l’incarnation du vivre ensemble.
Le Grand Paris, ce n’est pas Paris en plus grand. C’est plus grand que Paris. Une capitale pour la France du nouveau monde.
Rendez-vous compte: cette métropole concernera directement la vie de 6 millions et demi d’habitants – plus que la population du Danemark ! Elle modifiera le quotidien de près de 4 millions d’employés dans la petite couronne.
Au-delà, et j’y tiens particulièrement, elle devra appartenir à tous les franciliens, à tous les Français, à tous les amoureux de la France.
La métropole du Grand Paris, ce n’est pas la mise en concurrence des quatre départements qui la composent.
Nos concurrents sont Londres, Berlin, mais également New-York, Shanghai, Bombay ou Sao Paulo !
La force du Grand Paris sera de trouver dans ce concert des grandes métropoles ce qui la distingue de ses cousines.
Le Grand Paris, c’est le pari d’une métropole solide et solidaire. C’est faire en sorte que 130 villes et leurs représentants, regardent dans la même direction.
Et pour y arriver, nous aurons besoin de toutes les énergies : économique, financière, éducative, citoyenne et politique.
Mesdames et Messieurs,
Ce big bang du 23 juillet 2013, et la promulgation le 27 janvier dernier de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, avec l’approbation sans réserve du conseil constitutionnel, ne sont pas sortis de nulle part.
Ces dernières années, des initiatives ont été prises pour améliorer la coordination des politiques publiques au cœur de la région capitale. Et je salue le courage de Bertrand Delanoë qui a été le premier à tendre la main pour relever ce défi de la coopération métropolitaine.
Nous avons avancé depuis.
En 2012, alors que je présidais aux destinées de la Seine-Saint-Denis, j’ai proposé la fusion des départements de petite couronne.
À l’époque, personne n’a voulu me suivre. Comme Philippe Dallier avant moi, et je voudrais saluer ici la clairvoyance du sénateur-maire des Pavillons-sous-Bois, on m’a pris pour un original.
Mais une première pierre était posée.
Le compromis de 2011 entre Jean-Paul Huchon et le gouvernement de Nicolas Sarkozy sur le réseau de métro est la démonstration que les oppositions peuvent s’effacer quand les hommes et les femmes politiques prennent le temps de s’écouter. Quand il s’est agi de monter dans le train du Grand Paris, tous les élus ont saisi leur chance, et la rame que leur tendait mon ami Maurice Leroy.
Certains cependant avaient manqué d’anticipation… À l’inverse du Val de Marne – où le travail des élus réunis autour de Christian Favier avait dix ans d’avance sur nous tous –, quand je suis arrivé à la tête du département de la Seine-Saint-Denis, il était le grand oublié du Grand Paris.
Mais voyez comme en quelques années, ce département est passé de territoire évité à territoire irrigué, de terre en friche à terre d’avenir !
Aujourd’hui ses habitants, ses terrains, ses projets, sont au cœur des enjeux du Grand Paris !
Combien d’entreprises font aujourd’hui le pari de la Seine-Saint-Denis ! Et demain ce ne sont pas moins de trois nouvelles lignes de métro qui la desserviront.
Un mot, enfin, sur la Région. La solidarité, aussi cruciale soit-elle en petite couronne, ne peut pas s'arrêter à la frontière de la métropole. Demain, nous devrons construire un dialogue fécond avec les grands territoires de la deuxième couronne et avec la région, notamment sur la question du développement économique.
Au-delà des clivages politiques, je suis persuadé que le Grand Paris mérite l’union métropolitaine : la gauche, la droite et le centre doivent pouvoir se rassembler pour faire « métropole commune ».
La métropole-capitale ne survivra que dans l’unité.
Une unité de projet et de valeurs, qui permette à la France de tenir son rang dans l’économie mondialisée.
Une unité qui ne gomme pas la diversité, qui mette en lumière ce qui enrichit ce territoire: des habitants de toutes les couleurs, de toutes les origines, des entreprises de toutes les tailles, des formations pour tous les métiers, des élus de toutes les sensibilités...
Mais rappelons-nous: le premier engagement de la métropole du Grand Paris c’est de loger tous ses enfants. La métropole fait le pari que la qualité du cadre de vie est un gage de compétitivité.
La métropole du Grand Paris devra construire demain 37 000 logements par an. Le Grand Paris, c'est partir à la conquête du foncier pour éviter que le marché ne déménage les habitants.
La ségrégation sociale est grandissante : les plus riches dans le musée à ciel ouvert que sont les arrondissements les plus cossus de Paris, de l’autre côté du périphérique les plus humbles dans des cités construites dans les années soixante et, encore plus loin, chassées, les classes moyennes qui n’ont accès ni au logement social, ni à la propriété et ne peuvent s’offrir les loyers du privé.
Si nous n’agissons pas c’est le message social du Grand Paris qui est menacé.
La requalification urbaine et la création architecturale seront ses bras armés, et l’aide de l’État, comme l’a proposée Cécile Duflot, ne sera pas un luxe.
Désenclavement des quartiers populaires, abords des gares, reconversion des forts, aménagement de friches industrielles... sont autant de projets que la métropole aura à conduire, et autant d’emplois qu’elle pourra générer.
Mais, je vous le dis, si nous voulons tenir nos engagements, il nous faudra innover aussi en matière de procédures !
Les habitants de la métropole sont vos salariés, vos usagers, vos agents publics, et leur difficulté à se loger est aujourd’hui un frein à la productivité de vos entreprises, et à leur développement.
Mesdames et messieurs,
Vous êtes les partenaires incontestables du Grand Paris. Cette journée, vous l’avez sous-titrée « innover pour réussir ». Je ne saurais vous dire à quel point cette formule me réjouit.
Nous avons l’obligation, collectivement, d’innover, et de réussir !
Parce que je ne crois pas que notre pays traverse simplement une crise. Nous sommes entrés dans un nouveau monde.
Et pour que chacun de nos compatriotes, chacune de nos entreprises, y trouve sa place, nous n’avons pas d’autre choix que de creuser nos différences en développant l’innovation.
Innover, c’est le moyen de faire renaître la fierté nationale.
C’est la condition du retour de la confiance. Et donc, de la croissance et de l’emploi.
Avec la loi métropoles, les élus se sont montrés capables d’innover. Mais sans les entreprises, ils ne peuvent pas passer de la parole aux actes.
Car le Grand Paris, avec votre aide, doit aider la France à réussir les trois transitions que nous impose le nouveau monde :
− La transition écologique.
− La transition numérique.
− Et la transition économique.
La transition écologique, d’abord.
Entrer dans le nouveau monde, c’est imposer à notre modèle de développement de mieux respecter l’environnement que nous léguerons à nos enfants.
La transition écologique c’est de l’innovation ! Nouveaux modes de déplacements, nouvelles façons d’habiter, de travailler, de consommer…
Dans le Grand Paris, déjà, nous innovons sur les modes de transports partagés, et bientôt nous disposerons du métro le plus moderne du monde pour irriguer le territoire.
Profitons-en pour faire du Grand Paris le grand démonstrateur de la transition énergétique ! Mobilité bas-carbone, rénovation thermique des bâtiments, nouvelles énergies… déjà plusieurs de nos pôles de compétitivité sont engagés dans ce chantier : je pense à Moveo, Advancity…
La transition numérique, ensuite. Entrer dans le nouveau monde, c’est percevoir les transformations radicales de nos modes de vie qu’engendreront dans les prochaines années les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
C’est apprendre dès à présent à les utiliser dans nos entreprises, dans nos collectivités pour mieux dialoguer avec nos clients, nos usagers, nos administrés.
Nous sommes capables dès maintenant de bâtir un véritable cluster des industries créatives et du numérique, qui pourrait nous hisser au rang de 1ère métropole numérique d’Europe.
Dans quelques heures, je serai à Saint-Denis pour visiter le nouveau siège de SFR. J’aurai l’occasion de faire valoir les atouts du Grand Paris en matière d’industrie numérique.
La transition économique, enfin. Entrer dans le nouveau monde, c’est inscrire nos entreprises dans l’économie mondialisée en déployant l’emploi en France.
Les entreprises sont un bien commun qu’il faut préserver, et c’est le sens du Pacte de responsabilité proposé par le Président de la République.
La transition économique, c’est préserver notre modèle social tout en rétablissement la confiance dans nos entreprises.
C’est affirmer des choix stratégiques de filières, pour accompagner et expérimenter l’innovation technologique, au travers d’appels à projets et d’incitations financières.
C’est savoir miser sur nos atouts.
Des atouts, le Grand Paris en a beaucoup : des grandes écoles parmi les meilleures du monde, les sièges de grandes multinationales, des banques solides, un patrimoine culturel remarquable, les meilleurs foires et salons, un tissu de PME et TPE très dynamique.
Ce potentiel, nous avons le devoir de le valoriser pour mieux donner à voir au monde notre volonté d’en être.
Ce potentiel nous devons aussi l’offrir aux jeunes du Grand Paris, et aux moins jeunes, dans leur recherche d’emploi, de formation, de parcours professionnel.
Le Grand Paris sera notre vitrine.
Et pourquoi-pas organiser un grand événement mondial, comme les jeux olympiques ou l’exposition universelle, pour s’offrir une visibilité encore plus grande.
Le comité national Olympique y réfléchit et j’attends avec impatience les conclusions de ses travaux.
Un tel évènement suscite l’adhésion, et pourrait nous aider à fédérer les énergies du Grand Paris, et accélérer la réalisation des projets.
Chers amis, j’en termine.
Le Grand Paris, c’est un projet de génération. Nous construisons pour cent ans, et d’ici vingt ans nous aurons radicalement transformé ce territoire.
Le grand métro, les contrats de développement territorial, ce sont des projets qui nous inscrivent dans le temps long. Et imaginons ce que nous apporteraient les JO…
C’est notre responsabilité politique aujourd’hui de les mettre au service des générations futures.
C’est pourquoi nous devons innover, pour réussir.
Car oui, nous allons réussir.
Réussir le Grand Paris, alors que de difficiles étapes nous attendent pour bâtir cette nouvelle collectivité, c’est montrer que la France peut se réformer.
Réussir c’est nous prouver, aux autres et à nous-mêmes que nous pouvons aborder ce nouveau monde sereinement et avec enthousiasme.
Réussir c’est montrer à nos enfants qu’ils ne seront pas sacrifiés.
Ayons confiance dans notre capacité à réussir, et donnons-nous en les moyens. C’est tout ce que je nous souhaite, pour les villes de la métropole, pour le Grand Paris, pour la France, et pour toutes les femmes et les hommes qui y vivent.
Je vous remercie.