21e Etats généraux des élus locaux contre le sida
« VIH/sida, hépatites, IST :
Et si ma collectivité s’engageait un peu plus ? »
Mardi 29 novembre 2016, 16h30
Hôtel de Lassay
Mesdames les Ministres, chère Annick GIRARDIN, chère Roselyne BACHELOT,
Mesdames les Secrétaires d’Etat, chère Estelle GRELIER, chère Dominique GILLOT,
Mesdames et Messieurs les députés, mes chers collègues,
Madame la présidente du Conseil régional,
Monsieur le président des élus locaux contre le sida, cher Jean-Luc ROMERO,
Mesdames et Messieurs les élus locaux, chers amis,
Je suis très heureux de vous accueillir à l’hôtel de Lassay, à la présidence de l’Assemblée nationale, pour ces vingt-et-unièmes états généraux des élus locaux contre le sida, à quelques jours de la journée mondiale contre le sida.
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Il y a des scandales qui ne s’éteignent pas. Le sida, à coup sûr, en est un – et peut-être l’un des plus terribles.
Terrible, parce que non content de détruire la santé, il entraîne le malade dans un cercle vicieux de la précarité et de la honte, où la détresse physique se double d’une détresse morale, et où les discriminations viennent ajouter encore à la difficulté.
Scandale, parce que la maladie prospère sur ce champ de souffrances, dans une relative indifférence. Scandale parce que nous savons maintenant que la fin du sida est une possibilité réelle – l’ONUSIDA l’envisage à l’horizon 2030, c’est-à -dire dans seulement une quinzaine d’années.
Et pourtant, chaque année, dans notre pays, 6600 nouveaux cas de sida sont découverts. Comment est-ce possible, alors que depuis plus de trente ans, les politiques publiques luttent pour la prévention du sida ?
La honte empêche encore trop de malades de se déclarer séropositifs – donc, d’avoir un traitement et également des outils de prévention adaptés.
La honte, mais aussi la peur de perdre leur emploi, leur logement, leurs amis, leur famille. Les discriminations liées au sida sont, de ce point de vue, l’une des premières causes de la résilience de la maladie. Nous devons nous en débarrasser.
Contrairement à toutes les idées reçues, la maladie n’épargne personne : elle touche les femmes aussi bien que les hommes, les hétérosexuels comme les homosexuels, les résidents de longue date aussi bien que les migrants, les jeunes comme leurs aînés. Elle n’est pas le châtiment d’une débauche fantasmée. Elle est une maladie, une lourde infortune, jamais choisie, toujours subie.
Pourtant, la stigmatisation continue. Nous ne pouvons pas le tolérer.
Aujourd’hui, en France, plus d’une personne séropositive sur deux vit en-dessous du seuil de pauvreté.
Pourtant, ces personnes sont déjà parmi les plus vulnérables : elles devraient être protégées, accompagnées, soutenues. Au lieu de cela, elles sont souvent victimes d’un ostracisme aussi injuste que brutal. Cela doit cesser.
Oui, nous le savons, la lutte contre le sida n’est pas seulement une affaire médicale. Le sida se soigne aussi par la politique : c’est le slogan de l’Association des élus locaux contre le sida, et j’y souscris pleinement.
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Chers amis,
Cette année, votre thème est un appel : « Et si ma collectivité s’engageait un peu plus ? ».
Depuis des décennies déjà , vous vous engagez, chacun à votre niveau.
Celui de l’accompagnement des patients et de la recherche contre la maladie – et je salue l’ensemble du personnel médical présent parmi nous.
Celui de la mobilisation, du plaidoyer, pour ne pas laisser l’indifférence et l’ignorance gagner la bataille. Chers amis du monde associatif, c’est d’abord vous qui nous mobilisez, nous autres responsables politiques, depuis si longtemps.
Celui enfin de la politique, pour diffuser l’information, renforcer la prévention, garantir l’accès de tous au dépistage et aux soins ; et je m’adresse ici à vous tous, élus locaux, mes chers collègues.
A l’Assemblée nationale d’ailleurs, nous sommes aussi partie prenante de ce combat.
Il existe un groupe d’études « sida » qui regroupe quarante députés, présidé par notre collègue Jean-Louis TOURAINE dont l’action est tournée très précisément vers ces questions de mobilisation, de prévention, de combat contre l’ignorance et la stigmatisation.
Enfin, un dernier niveau, celui de l’action collective organisée au service d’une cause : cher Jean-Luc ROMERO, c’est le sens de cette association que vous avez créée voici vingt-et-un ans.
Chacun à son échelle, nous sommes tous engagés contre le sida. Voilà , d’abord, ce que nous réaffirmons ensemble aujourd’hui.
Et pourtant, c’est vrai : on peut toujours – et il faut toujours – s’engager un peu plus.
Aller toucher des territoires un peu plus éloignés, un peu plus délaissés. Parvenir à cibler des populations un peu plus fragiles peut-être, plus vulnérables.
Mobiliser quelques personnes de plus pour lutter contre les discriminations et contre toutes les violences. Expliquer, encore et encore, que le malade n’est ni une charge, ni un criminel, mais simplement un être humain qui est tombé malade.
Bien sûr, d’immenses progrès ont été réalisés depuis les premiers temps de la lutte contre le sida.
Mais le constat d’aujourd’hui n’est pas satisfaisant. L’objectif zéro, fixé par l’ONU, est simple : zéro décès lié au sida, zéro contamination nouvelle, zéro discrimination. Nous n’y sommes pas encore, mais c’est possible. Le chemin existe, et j’espère que cet objectif sera au cœur de la journée mondiale jeudi prochain.
Alors, c’est vrai, tout nous pousse à agir, à nous engager encore un peu plus. D’abord la révolte, bien naturelle face à la souffrance et au scandale. Mais aussi l’espoir, puisque comme je le disais il y a un instant, nous savons aujourd’hui qu’un monde sans sida est possible, et l’horizon n’est pas loin.
Cet engagement, enfin, c’est aussi un devoir. Quand nous avons les moyens d’agir, nous n’avons pas le droit de ne rien faire. Et je parle en connaissance de cause, pour avoir été moi-même un élu local : pour des causes comme celle-ci, l’essentiel se passe sur le terrain. Si la lutte contre le sida veut être efficace, elle doit être concrète. Elle passe par des actions de mobilisation, de sensibilisation, de prévention. Par des distributeurs de préservatifs, par des hôpitaux et des cabinets médicaux.
Par l’action quotidienne, inlassable, des acteurs du terrain que vous êtes.
Tout le sens et toute la force de la décentralisation réside dans la capacité des élus locaux à s’approprier des politiques publiques décidées au niveau national. Car leur efficacité dépend de leur mise en œuvre dans les territoires.
Voilà qui nous rappelle la raison d’être de cette association et de notre engagement. Le combat contre le sida est un combat du quotidien, un combat du terrain.
C’est pourquoi nous restons mobilisés, et nous le resterons, jour après jour, jusqu’à l’éradication totale de la maladie et des violences qui l’accompagnent. Car ce jour où le fléau du sida aura disparu, ce jour arrivera, c’est une certitude. Ce jour-là , nous fêterons la victoire finale.
Pour y arriver, mes chers amis, il va falloir se battre encore, sans relâche et avec opiniâtreté.
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Chers amis,
Si nous voulons, demain, d’un monde sans sida, il nous faut agir dès aujourd’hui, chaque jour un peu plus encore que la veille. Je sais que nous partageons cette détermination, qui est notre force depuis déjà tant d’années.
Je compte sur chacun d’entre vous pour continuer à la porter au quotidien, dans chacun de vos territoires.
Je vous remercie.