Message de Monsieur le Président de l’Assemblée nationale
À l’occasion du 57e anniversaire de la disparition d’Édouard Herriot
« Les nations ont le sort qu’elles se font. Rien d’heureux ne leur vient du hasard. Ceux qui les servent sont ceux qui développent leur force profonde. »
Édouard Herriot, Agir, 1917
Acteur d’un demi-siècle de notre histoire nationale, Édouard Herriot affronta les crises du XXème siècle autant qu’il en fut le témoin.
Dès 1898, il fit partie de ces hommes qui s’engagèrent dans l’affaire Dreyfus aux côtés d’Émile Zola et d’Anatole France, fondant la section lyonnaise de la Ligue des Droits de l’Homme, et s’affirmant alors comme un orateur hors pair.
Puis il traversa deux guerres mondiales.
La Grande guerre, d’abord. Figure montante du Parti radical, il fut élu en 1912, à quarante ans tout juste, sénateur du Rhône, et le resta jusqu’en 1919. Pendant la Première Guerre mondiale, dont nous commémorons cette année le centième anniversaire, il fut ministre des Travaux publics, du transport et du ravitaillement dans le cinquième gouvernement d’Aristide Briand.
La Deuxième Guerre mondiale, ensuite. Républicain fervent, il ne vota pas les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Par la suite, en prise avec les ultras-collaborationnistes et fermement opposé au régime de Vichy, il fut placé en résidence surveillée en septembre 1942, d’abord chez lui dans l’Isère puis, jugé inapte par les autorités allemandes à la déportation, fut interné près de Nancy. Quelques semaines après le débarquement des Alliés, dont nous célébrons également le soixante-dixième anniversaire cette année, il refusa de fuir de Paris, ce qui conduisit à sa déportation à Potsdam.
Partisan de la réconciliation nationale au lendemain de la guerre, il ne voulut pas que la folie obscurcisse davantage l’héritage des Lumières, n’hésitant ainsi pas à s’éloigner de quelques-uns de ses proches amis.
Tour à tour maire de Lyon, sénateur, député, ministre, président de la Chambre des députés puis de l’Assemblée nationale et enfin président du Conseil, il mena toute sa vie ce combat du progrès contre les extrémismes nauséabonds. Président de l’Assemblée nationale, il voulut donner au Parlement tout son rôle de législateur, faisant preuve d’une confiance inébranlable dans la démocratie représentative.
Inscrit dans la tradition humaniste des penseurs du XVIIIème siècle, Édouard Herriot apparaît encore et toujours comme un homme de conviction, un combattant assidu de l’obscurantisme, un défenseur courageux de la France contemporaine et un précurseur exigeant de l’Europe de la paix. Il a marqué l’histoire du XXème siècle de son engagement et de son dévouement.
C’est donc naturellement qu’au nom de l’Assemblée nationale et en mon nom propre, je m’associe au bel hommage annuel que vous rendez aujourd’hui à cet homme d’État visionnaire que fut Édouard Herriot.
Claude Bartolone