Monsieur le Ministre, cher Frédéric Mitterrand,
Madame la Présidente de la Chaîne parlementaire, Chère Marie-Eve Malouines,
Monsieur Saïd Kasmi,
Monsieur le Secrétaire général de l’Institut François Mitterrand,
Mesdames et messieurs,
Le film que nous avons l’honneur de projeter ce soir, à l’Assemblée nationale, en avant-première, s’ouvre sur une réflexion très mitterrandienne : « préserver la mémoire des morts ».
L’obsession de François Mitterrand de la trace de l’histoire, du culte des morts, et du rapport à la spiritualité - dont le récent livre de Marie de Hennezel témoigne avec force - trouve ses origines dans l’enfance.
Une enfance heureuse, nourrie par une éducation stricte dans une famille républicaine à l’ancrage affirmé, et qui constituera la structure solide de la vie d’un homme qui sera plus tard élu Président de la République.
Ce premier film, consacré à l’enfance de François Mitterrand, participe à un exercice de mémoire et arrive après une année riche en commémorations : nous avons eu l’occasion cette année, ici même, à l’Assemblée nationale, de rendre hommage à François Mitterrand parlementaire, à l’occasion du 70e anniversaire de sa première élection, et de la publication de ses discours parlementaires couvrant la longue période allant de 1946 à 1981. Nous avons aussi célébré le centenaire de sa naissance, marquant l’importance de l’œuvre de l’ancien Président de la République, très au-delà des seuls cercles amis.
Cette fois, c’est à une réflexion presque « analytique » que vous nous conviez, cher Frédéric, tant l’enfance, et la prime enfance, marquent le parcours d’une vie et d’un homme, et François Mitterrand n’y échappe pas, loin s’en faut.
Sans conter le détail du film que nous allons découvrir dans un instant, nul ne peut nier l’apport essentiel que constitue cette enfance heureuse au centre d’une famille nombreuse. François Mitterrand est un enfant aimé, qui noue une relation à sa mère et à sa grand-mère qui le marquera à jamais, sans que la relation au père n’en soit elle-même amoindrie.
Il y a dans ce film tout ce qui définit l’enfance : l’amour des adultes, l’éducation, la liberté, la fratrie. Le jeune Mitterrand découvrira très vite la nature, d’abord dans le petit jardin de Jarnac et ensuite l’immensité du site de « Tout vent » où il passera ses vacances familiales ; il y découvrira les animaux, les arbres qui le marqueront tant, et « les cours d’eau qui sont libres », comme il aimait à le dire.
Comment ne pas être touché par ce que vous nous révélez dans ce film ? Ses premières lectures, la découverte des premiers illustrés et de la « Famille Fenouillard », jusqu’aux lectures plus sérieuses qui hanteront sa vie de jeune interne quand il sera en pension à Angoulême.
François aura une scolarité moyenne au démarrage de son enfance – dissipé, distrait, souvent puni – pour, plus tard, se passionner pour le latin, l’histoire et obtenir un premier prix d’éloquence !
La mort de « Maman nini », sa grand-mère, le confrontera pour la première fois de son existence à la disparition d’un être cher, et sans doute se souviendra-t-il longtemps de ses dernières paroles : « Il ne faut pas avoir peur, je vois une lumière ».
Ce film est plein d’humanité ; il évoque comme une nostalgie de l’enfance qui nous saisit tous, et se révèle en définitive universel.
L’enfance ne suppose pas la destinée d’un homme, mais nul doute que la vie d’adulte est le fruit des agrégats de l’enfance. François Mitterrand avait un socle solide, sans souffrance indélébile, au contraire, enrichi de multiples apports.
Comment ne pas voir que ses histoires d’amour, contre toute évidence, seront faites de grandes fidélités ? En cette année de publication de « Lettres à Anne » et de « Journal pour Anne », plus personne ne peut en douter.
Une fois encore, Frédéric Mitterrand, vous prêtez votre voix à ce film et du coup, vous le hantez. Vous parlez au nom de votre oncle, dans une forme cinématographique inédite, curieuse et belle. La poésie qui s’en dégage est incontestable, et les images d’archive qui illustrent ce premier film, laissent espérer d’autres épisodes. Pouvait-on imaginer la vie de François Mitterrand en série cinématographique ? La chaîne Parlementaire s’y est associée avec raison, et je me réjouis que nous puissions ce soir, privilège de cette avant-première, en profiter avec bonheur.
Merci à vous et bonne projection.