Clôture des Victoires des Acteurs publics et remise du grand prix des lecteurs

Victoires des Acteurs publics
Jeudi 2 février 2017 – 18h30
Hôtel de Lassay

Monsieur le Ministre, cher Jean-Vincent PLACÉ
Mesdames et Messieurs les députés,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le directeur de la revue Acteurs publics,
Cher Pierre-Marie VIDAL,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous retrouver ici ce soir, à l’Assemblée nationale. Entre les Golden Globes et les Oscars, dans la série des récompenses des débuts d’années, il y a désormais un autre rendez-vous incontournable : ces Victoires des Acteurs publics, peut-être un peu moins médiatisées, un peu moins « glamour », mais tout aussi brillantes, et, je l’espère, sources de tout autant de fierté chez chacun d’entre vous.

Cher Pierre-Marie VIDAL, je veux saluer une fois de plus l’initiative de votre revue, Acteurs publics, qui organise ces Victoires depuis maintenant neuf ans.

Célébrer les Victoires des Acteurs publics à l’Hôtel de Lassay, c’est devenu une habitude depuis 2012. En effet, où mieux qu’à l’Assemblée nationale, où mieux que dans le cœur battant de la démocratie, pourrait-on fêter celles et ceux qui incarnent, au quotidien, notre service public, ceux qui sont le visage de la République pour nos concitoyens, dans tous les territoires ?

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Car la fonction publique, c’est ce par quoi la transformation peut advenir, dans la réalité des administrations, des territoires, dans l’épaisseur concrète de la vie quotidienne. C’est par le service public, tous les services publics, que nous transposons dans la réalité nos principes fondamentaux d’égalité et de liberté pour tous.

Je dis souvent que le service public, c’est le patrimoine de ceux qui n’ont pas de patrimoine. Il faut mesurer ce que cela représente : le refus d’une société de simples héritiers, où la réussite et l’échec seraient écrits avant même la naissance.

Le droit égal, pour chacune et chacun, d’être protégé, de pouvoir se soigner, s’éduquer, grandir et vivre dans la République, c’est la condition, le socle, la fondation du projet émancipateur pour chacune et chacun d’entre nous.

C’est aussi ce que nous avons en partage, toutes et tous, Françaises et Français, de tous milieux sociaux, de tous niveaux de richesse, de toutes origines, de toutes religions.

Le service public est ce que nous partageons tous ; c’est la structure de la solidarité dans notre pays.

On ne dira jamais assez combien ce bien commun est un bien précieux. Le service public en France, c’est une longue histoire au service des Français, qui commence sous l’Ancien Régime, et prend son élan avec la Révolution française. L’idée fondatrice est simple, mais la victoire est immense : c’est s’attaquer au mal à la racine, pour lutter contre les injustices héritées, contre les déterminismes sociaux, pour donner à chacun sa chance. À chaque étape de notre histoire, le service public n’a cessé de s’adapter aux besoins sociaux, aux évolutions de la société et de l’intérêt général : ses fondamentaux, égalité, continuité, adaptation, sont sa force, et la clé de sa réussite.

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Cette année, ces Victoires des Acteurs publics prennent une résonance particulière, à quelques mois des élections présidentielles.

Je sais que vous en avez longuement discuté cet après-midi. Force est de constater que le sujet de la fonction publique, de son statut, de sa modernisation, et la notion de service public en général, reviennent toujours sur le devant de la scène au moment des élections.

Sur ce sujet, chacun a ses convictions. Il y a ceux qui prétendent, au nom d’on ne sait quel pragmatisme qui masque mal leur renoncement, donner un grand coup de balai dans la fonction publique. Au nom de quoi ? Les arguments sont toujours les mêmes : la fonction publique serait obèse, vieille, grise, fatiguée ; elle serait dépassée, désuète, obsolète.

La belle idée d’égalité, serait-elle obsolète ? Le bel élan de la solidarité, serait-il obsolète ? La notion même de bien commun, dépassée, démodée ?

Quel étrange paradoxe, que d’entendre dans les bouches des responsables politiques ce discours prétendument « pragmatique », ce discours comptable et financier. Trop souvent, les discours politiques se bornent à une approche quantitative de la fonction publique, à la question de la création ou de la suppression de postes de fonctionnaires.

Quelle étrangeté, alors que ce qui porte le service public, ce qui fait la gloire et la force de vos missions, c’est justement un idéal !

Depuis longtemps la France est un phare dans le monde, parce que la société qu’elle veut construire, celle qu’elle a construite, à force de luttes, d’espoirs, d’avancées progressives et de grandes victoires, celle qu’elle continue inlassablement à vouloir faire advenir, c’est une société de justice, une société d’égalité, une société de liberté.

Et ce que tant de nos voisins célèbrent, admirent, ce que parfois ils veulent pour eux-mêmes, ce ne sont pas seulement nos belles idées : c’est notre modèle social, notre modèle de service public, émanation concrète de nos valeurs.

Alors bien sûr, le monde avance, et le progrès ne se met pas en pause. Nous sommes entrés dans un nouveau monde. Il y a un choc démographique, une mutation de l’économie, une révolution numérique, un défi écologique. Face à cela nous avons, nous tous ici, une responsabilité particulière. Vous, acteurs du service public, des trois fonctions publiques, et nous, élus de la République, nous le savons bien : soit le service public évolue, s’adapte, innove, invente, se réinvente ; soit il sera balayé par les mauvais vents de la mondialisation et les dérives du chacun pour soi.

Le service public, c’est justement l’inverse du chacun pour soi. Voilà ce qu’il ne faut cesser de proclamer avec fierté, avec passion. En même temps, pour que l’idéal vive, il faut aussi bien sûr que le service public puisse s’inscrire dans la modernité.
Mais, pardon de le dire : ce n’est pas un scoop ! Bien sûr que la fonction publique, justement pour accomplir au mieux ses missions, doit s’adapter, se moderniser. Les Acteurs publics sont les premiers à le savoir, et la réalité, c’est qu’ils le font déjà !

Vous tous, nominés et lauréats de cette journée, vous en êtes l’exemple vivant. Rien de plus faux que cette image d’une fonction publique qui serait comme un gros monstre gris, immobile et usé. Au contraire, dans chacune des trois fonctions publiques, ce sont des femmes et des hommes qui agissent, au contact des administrés, au contact du terrain, de tous les territoires de la République. Qui agissent en ayant toujours au cœur l’objectif de leur mission, et qui se donnent les moyens de la remplir au mieux, y compris avec les outils du monde contemporain. Qui mettent leur engagement, leur dévouement, leur professionnalisme, mais aussi leur imagination, leur créativité, leur capacité d’innovation, au service de cette mission.

Qui inventent de nouvelles manières de rendre crédible, sensible, réelle, la promesse républicaine.

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Chacune des récompenses remises ce soir célèbre précisément une réussite de cet ordre. Des femmes et des hommes qui, toujours collectivement, au sein d’un service, d’une entité, inventent le service public du XXIe siècle.

Loin des approches superficielles et quantitatives qui prévalent si souvent, ces Victoires des Acteurs publics mettent l’accent sur la qualité, la modernité, l’audace de celles et ceux qui sont au contact direct de nos concitoyens, au quotidien.

Alors, cessons les vaines incantations, détournons-nous des imprécations de ceux qui voudraient imposer à tous leur propre manque de vision, d’imagination, d’inventivité.

Bien sûr, tout n’est pas fait et nous ne sommes pas encore au bout du chemin. Mais le chemin, lui, est déjà là. Des solutions, des inventions, se créent tous les jours. Faisons confiance à celles et ceux qui savent les inventer et les mettre en œuvre, pour le plus grand bien de tous, pour le service du peuple.

Tous les cinq ans, rituellement, à l’approche des élections présidentielles, la classe politique se met en quête de « nouveauté », « d’audace », de « changement ».

Il n’est pas besoin de chercher si loin ! De la nouveauté, de l’audace, de la créativité, nous en avons partout dans le service public.

Et pour faire entrer la fonction publique dans le XXIe siècle, sans doute y a-t-il moins à inventer qu’à accompagner : accompagner les projets et les actions de serviteurs de l’État comme vous, des femmes et des hommes qui ont pris la mesure de l’enjeu, et qui s’engagent, qui travaillent, pour rendre le service public plus performant, plus fort encore.

Rappelons-nous toujours que s’il est facile de détruire, de critiquer, de dénoncer, il est toujours beaucoup plus difficile – et en même temps beaucoup plus noble, beaucoup plus efficace – de construire, d’inventer, de proposer.

C’est ce que vous faites dans vos missions et c’est cela qui nous rassemble ce soir, nous les amoureux du service public.

À la fois la réaffirmation de l’idéal que nous partageons, celui d’une République qui est là pour soutenir chacun de ses enfants, pour assurer à chacune et chacun d’entre nous les moyens de nos réussites. Et aussi, la reconnaissance du travail de celles et ceux qui œuvrent pour faire perdurer cet idéal, ici et maintenant, et demain encore, dans la France du XXIe siècle.

La reconnaissance du fait que quoi qu’on en dise, la fonction publique est bien entrée dans le XXIe siècle, où son rôle sera plus essentiel que jamais, face aux grandes transformations sociales, économiques et environnementales qui sont en marche.

La reconnaissance du fait qu’en France, l’administration sait être moderne sans cesser d’être humaine.

Car le service public, c’est bien cela : l’organisation de notre pays de manière à ce que chacun puisse profiter des opportunités offertes par le nouveau monde.

Je félicite donc très chaleureusement chacun d’entre vous, nominés et lauréats, pour le travail que vous avez accompli et que vous continuez à accomplir au sein de notre belle République.