« La réussite éducative par le sport des deux côtés du Rhin »
Colloque organisée par l’Agence pour l’Education par le Sport (APELS)
en partenariat avec l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ).
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Mardi 26 novembre 2013
Discours de M. Claude BARTOLONE
Président de l’Assemblée nationale
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous accueillir dans cette belle et grande maison des citoyens qu’est l’Assemblée nationale.
Depuis mon élection, j’ai voulu ouvrir les portes en grand pour permettre à toutes les forces de la Nation de venir s’exprimer. Un jour ce sont des chercheurs, l’autre des entrepreneurs. Une fois des jeunes, l’autre des citoyens plus âgés. Des représentants syndicaux, des fédérations patronales, des historiens, des économistes, et j’en passe !
Aujourd’hui, c’est le monde sportif qui est à l’honneur.
Je tiens à remercier tout particulièrement l’Agence pour l’Éducation par le sport (APELS) et l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) d’avoir permis cette belle initiative.
Quelle belle image de nous réunir en cette année de célébration du 50ème anniversaire du traité de l’Élysée autour d’un projet commun, celui de « la réussite éducative par le sport des deux côtés du Rhin ». C’est le titre de cette conférence. Je crois qu’il parle de lui-même. Il parle de la réussite d’une union entre deux pays autour de deux valeurs : l’éducation et le sport.
C’est de cela dont je veux parler avec vous ce soir : du sens de la relation franco-allemande aujourd’hui, et de la place primordiale de l’éducation et du sport dans la réussite de celle-ci.
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La relation entre nos deux pays tout d’abord.
50 ans déjà. 50 ans que nos aïeux signaient le Traité de l’Élysée. 50 ans que des responsables politiques se levaient pour permettre une coopération entre deux pays ennemis, et mettre un terme à l’une des périodes les plus sombres de notre Histoire.
Ce traité est un miracle. Le miracle du siècle dernier. Après s’être entretués pendant des années, la France et l’Allemagne faisaient le choix d’œuvrer, côte à côte, dans différents domaines telles que la défense et l’éducation.
Et je veux ici rappeler un point du traité qui nous intéresse tout particulièrement ce soir : le volet sur le rapprochement des peuples. A l’époque déjà, les signataires ne voulaient pas d’un traité uniquement décidé par les chefs d'États : ils voulaient un traité rapprochant les citoyens. Et notamment les jeunesses allemande et française.
La fondation de l'Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) et les nombreux lycées franco-allemands, en sont des conséquences directes et heureuses. Depuis encore, de nombreuses villes, écoles, et régions, françaises et allemandes, se sont jumelées.
Voilà pour la mémoire de la relation franco-allemande. A nous maintenant de réaliser le franco-allemand par la preuve.
Et justement, la réussite de nombreux jeunes grâce à l’éducation et au sport est l’une des ces preuves.
L’éducation et le sport, l’éducation par le sport. C’est la mission que s’est donnée l’APELS. C’est le sujet de notre rencontre, j’y viens.
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Avant toute chose, je tiens à rendre hommage au combat mené par l’Agence pour l’Éducation par le Sport (APELS).
Depuis 1996, votre association agit en faveur de « l’éducation par le sport ». Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de vos activités en faveur de la construction, l’épanouissement et l’insertion professionnelle de nos jeunes :
- Vous valorisez les performances de nouveaux talents avec votre appel à projet.
- Vous formez les jeunes avec votre école « Fais-nous rêver » et la Fondation Gdf Suez
- Puis, les 27 et 28 et 29 novembre prochains vous serez à l’initiative du forum Educasport, rassemblant plus de 600 représentants d’associations, d’ONG, de collectivités locales mais aussi des élus, des chercheurs et bien sûr des sportifs, pour permettre le débat et proposer de nouvelles voies pour un sport utile à tous.
Ce soir encore, vous chercherez à améliorer vos pratiques. En observant ce qui se fait ailleurs. En apprenant de vos voisins européens. En faisant du franco-allemand une opportunité pour renforcer l’éducation par le sport.
Vous croiserez les regards d’enseignants, de responsables politiques et de sportifs, venant de France et d’Allemagne, pour comparer les activités physiques et sportives auprès des jeunes français et des jeunes allemands.
Vous me direz, « comparaison n’est pas raison ». Certes, mais s’inspirer des réussites des uns et des autres, partager des solutions, est indispensable pour innover et s’améliorer.
Et si aujourd’hui, vous êtes devenus une référence dans le milieu sportif, je ne crois pas que ce soit le fruit du hasard.
Si vous êtes devenus une référence, c’est justement parce que vous avez réussi à fédérer, année après année, des acteurs d’horizons divers autour d’un même projet. En regroupant collectivités locales, associations, clubs, entreprises, fédérations et associations, vous avez réussi à créer le premier réseau d’acteurs dans le domaine de l’éducation par le sport, ce n’est pas rien !
Si vous êtes devenus une référence, c’est aussi et surtout parce que vous défendez une vision sociale du sport : un sport davantage tourné vers l’humain que vers la performance, et fondé sur des valeurs positives et solidaires.
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Le sport et ses valeurs, justement, j’y arrive. Je crois que le sport, quelle que soit l’époque, quel que soit le contexte politique, garantit le lien social dans notre pays. C’est un vecteur indissociable de la cohésion nationale.
Il n’y qu’à voir comment tous les Français sont unis et font bloc derrière leurs équipes – on l’a encore vu la semaine passée !
Et Monsieur Tony Estanguet, qui s’exprimera dans quelques instants ne saurait me contredire ! Lui, ce grand champion aux 3 médailles d’or qui n’aura cessé de nous faire vibrer pendant ces olympiades.
Je vous le disais, le sport réunit. Et dans un contexte économique difficile, c’est indispensable. Indispensable pour réunir les citoyens de toutes les générations, de tous les milieux, de toutes les origines, autour d’objectifs et de valeurs communes.
Et ces valeurs du sport, quelles sont-elles ? C’est le respect de l’adversaire, mais aussi de l’arbitre. C’est la discipline et le suivi de règles. C’est savoir jouer collectif. C’est l’envie de se dépasser. C’est aimer la compétition. C’est se confronter à la peur pour la dominer, à la fatigue pour la surmonter, à la difficulté pour la vaincre. C’est aussi apprendre à perdre. A rester modeste.
Le sport, c’est donc, en un sens, un système éducatif à lui tout seul. Une école de la discipline, du respect et du dépassement de soi.
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Je ne saurais être plus long.
Permettez-moi de vous dire à nouveau ma joie d’accueillir à l’Assemblée cette conférence. Merci à tous d’être venus – je sais que certains d’entre vous viennent de loin !
Bravo pour votre détermination, pour vos efforts. Merci de transmettre à nos enfants ces valeurs qui leur seront utiles tout au long de leur vie. De les préparer à leur entrée dans ce nouveau monde. De permettre le vivre ensemble dans nos territoires.
Je sais d’ores et déjà que de vos débats naîtront de belles idées pour améliorer durablement nos manières d’agir en faveur du sport, de nos enfants, et donc de l’avenir de nos deux pays.
Je vous remercie.