Mesdames, Messieurs les Députés,
Chère Catherine Lemorton,
Chère Isabelle Lecallenec,
Chère Hélène Geoffroy,
Cher Christophe Cavard,
Cher Jean-Marc Germain, rapporteur et président de cette mission d’évaluation sur les emplois d’avenir,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Le 25 juin 2013, j’ai confié à la présidente de la Commission des affaires sociales, Catherine Lemorton, la mission de conduire l’évaluation du déploiement des Emplois d’avenir, dispositif clé dans la lutte pour l’emploi des jeunes.
Pourquoi ai-je souhaité cette évaluation ?
D’abord, parce que je me fais une haute idée de ce qu’est et de ce que doit être le parlement dans les années qui viennent.
Je l’ai dit dès mon investiture à la présidence de l’Assemblée nationale : cette Maison se doit d’être le cœur battant de la démocratie. Le lieu où vit le débat ; le lieu où est votée la loi ; mais aussi le lieu où l’action du gouvernement est contrôlée et l’efficacité de la loi évaluée.
C’est la Lettre de la Constitution de la 5e République – dont l’Article 24 dispose que le Parlement vote la loi, contrôle l’action du Gouvernement et évalue les politiques publiques.
Mais c’est aussi l’Esprit de nos institutions et de leur évolution dans la perspective inéluctable du non-cumul des mandats. C’est un nouvel équilibre entre le parlement et l’exécutif qu’il nous faut inventer.
Nous devons changer de culture et lever à la fois les timidités et les susceptibilités.
Je le dis aux parlementaires : non, quand on est un élu du Peuple, parler ce n’est pas être un renégat vis-à-vis de l’Exécutif.
Et je le dis à l’Exécutif : non, lorsqu’un parlementaire parle, ce n’est pas pour vous enquiquiner mais pour assumer sa responsabilité dans la qualité de la loi.
Autrement dit, le parlement godillot, c’est fini. La chambre d’enregistrement, c’est terminé.
Voilà pour la philosophie. D’une certaine manière, avec les emplois d’avenir, nous entrons dans les travaux pratiques.
Les enjeux de cette évaluation sont, en l’occurrence, considérables : l’objectif fixé par le gouvernement et la majorité est de conclure 100 000 Emplois d’avenir d’ici à la fin 2013 et 150 000 en 2014.
2 milliards d’euros sont mobilisés en 2013 ; 3 milliards le seront en 2014.
Au-delà du vote des uns et des autres : cette loi est-elle utile ? Cette loi améliore-t-elle le quotidien des Français ? Et, en l’occurrence, cette loi contribue-t-elle à redonner de l’espoir à notre jeunesse, particulièrement touchée par le chômage ?
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Et c’est d’ailleurs la deuxième raison de cette évaluation.
Voilà plus d’un an que je le martèle. Nous avons trois priorités : l’emploi, l’emploi et l’emploi.
Tout doit être entrepris durant cette législature pour combattre ce cancer du chômage de masse.
On peut bien inventer tous les filets de protection sociale du monde, il n’en reste pas moins que sans travail, pas de confiance en soi ni dans les autres ; sans travail, pas de but lorsqu’on se lève le matin ; sans travail, pas de sentiment d’appartenir à la collectivité.
L’emploi est la priorité des Français, c’est la nôtre, et tout ce qui doit être fait pour combattre le chômage doit être tenté. S’il faut réajuster le tir pour atteindre l’objectif des 100 000 emplois d’avenir cette année – Jean-Marc GERMAIN nous le dira dans un instant – eh bien réajustons le tir ! Car seule la bataille pour l’emploi doit nous guider.
Gagner la bataille pour l’emploi, c’est bien sûr restaurer la compétitivité de nos entreprises, et leur permettre de reconstituer leurs marges pour investir et embaucher.
Mais c’est aussi tendre la main à ces millions de jeunes qui entrent ou qui vont entrer sur le marché du travail. C’est dire à nos enfants et leur prouver qu’ils ne sont pas une génération sacrifiée. Une génération « tant pis, c’est la crise, passez votre tour ».
Nous avons un devoir vis-à-vis de tous nos jeunes qui gâchent leurs plus belles années dans les couloirs de Pôle Emploi ou qui tiennent les murs, comme on dit.
Ces jeunes gens, je les connais en Seine-Saint-Denis, dans mon département. Mais je suis aussi allé à leur rencontre, dans l’Oise, dans le Vaucluse. Et ce que j’ai vu, c’est bien sûr leur joie et leur soulagement de pouvoir, eux aussi, louer un appartement et s’acheter une voiture.
Mais c’est bien plus que ça encore : c’est leur dignité, la dignité qui leur était rendue, à eux, et à leurs parents. Car quand un enfant trouve enfin un travail, c’est toute la famille et parfois même tout le quartier, tout le village, qui retrouve de l’espoir dans l’avenir.
L’espoir et la dignité. J’en terminerai par là. 30% des emplois d’avenir sont réservés aux jeunes des territoires urbains ou ruraux qui connaissent les plus graves difficultés économiques et sociales. Nous devons les atteindre. Coûte que coûte.
Je me réjouis de lire les préconisations du rapport de Jean-Marc GERMAIN sur ce point précis. Dans les tours ou dans les campagnes, ces jeunes loin des usines et des entreprises sont parfois déjà résignés.
Nous devons redonner de l’espoir et de la dignité à cette France périphérique, qui se sent oubliée. Et les Emplois d’avenir doivent y participer.
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Je vais maintenant céder la parole à Jean-Marc GERMAIN qui pourra présenter les principaux enseignements de cette mission d’évaluation et surtout ses préconisations pour améliorer le dispositif.
Mais avant cela, laissez-moi vous dire que nous n’allons pas nous arrêter là. Plusieurs mesures importantes ont été prises par la majorité. Banque publique d’investissement, réforme des rythmes scolaires, accord national interprofessionnel pour l’emploi…
Aucun de ces sujets n’est à exclure du champ d’une prochaine mission d’évaluation.
Rendez-vous est pris.
Je vous remercie.