Grande Commission France-Canada

Mesdames les présidentes,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Chers collègues et amis,

L’Assemblée nationale s’honore d’accueillir aujourd’hui la 39ème session annuelle de l’Association interparlementaire France-Canada, dont le dynamisme illustre la qualité des liens qui unissent nos deux pays.

Notre Association est une instance atypique, puisqu’elle est la seule structure internationale, au sein du Parlement français, à associer députés et sénateurs. Elle doit naturellement la fréquence et l’étendue de ses activités à l’attachement historique et sentimental qui lie nos deux pays, mais aussi aux échanges riches et variés qu’entretiennent aujourd’hui plus que jamais ces deux grandes démocraties que sont la France et le Canada. L’Assemblée nationale n’entretient de liens aussi privilégiés qu’avec un nombre très réduit de pays : l’Allemagne, la Russie, plus récemment la Chine et l’Algérie, bientôt le Maroc. C’est dire combien les parlementaires français sont attachés au dialogue, à l’amitié avec le Canada, et à la vitalité de notre Association interparlementaire.

Mesdames les présidentes – Claudette Tardif et Catherine Coutelle – soyez tout particulièrement remerciées pour l’énergie avez laquelle vous animez et coordonnez les travaux de l’Association. Je me félicite que l’Association donne l’exemple en matière d’égalité entre les hommes et les femmes et, d’autant que, pour la première fois de son histoire, la section canadienne et la section française sont simultanément présidées par des femmes. Nous avons d’ailleurs beaucoup à apprendre de nos amis canadiens, puisque 6 des 13 provinces et territoires, dont l’Ontario, le Québec et la Colombie-britannique, sont dirigés par des Premières ministres.

Je salue également l’ensemble des parlementaires canadiens qui ont fait le déplacement en France à l’occasion de cette session. Certains d’entre eux, comme les honorables Serge Joyal, Jean-Claude Rivest ou encore Denis Coderre, connaissent parfaitement notre pays, qu’ils fréquentent assidument depuis de nombreuses années ; d’autres le découvrent peu à peu et, comme Mme Loïs Brown, font l’effort d’apprendre le français, qui est aussi la langue du Canada.

Car le français est au cœur du patrimoine culturel que nous avons en commun. Le Canada est l’un des fers de lance de la Francophonie. Votre attachement sans faille à la langue française, chers collègues canadiens, ne s’est jamais démenti, alors même que l’anglais est largement majoritaire sur votre continent et qu’il progresse partout ailleurs. Le Québec, bien sûr, est le cœur de l’Amérique francophone. Mais le français au Canada dépasse les frontières de la Belle Province : le Nouveau-Brunswick, où se trouve l’Acadie que représente M. Godin, mais aussi l’Ontario, la Nouvelle-Ecosse ou encore l’Alberta, que représente Mme Tardif, comptent d’importantes communautés francophones. La Francophonie est plus qu’une langue : c’est le véhicule de nos valeurs, d’une certaine conception de notre civilisation. Je l’ai rappelé le mois dernier à Dakar, à l’occasion d’une rencontre internationale en hommage au 100e anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire.

La France et le Canada sont deux grandes démocraties qui partagent un même attachement au respect des droits de l’Homme, à la promotion de la bonne gouvernance, à la consolidation de la paix. Nous défendons ensemble ces valeurs communes dans les différentes enceintes internationales auxquelles nous appartenons, comme l’OTAN, le G8 et l’Organisation internationale de la Francophonie. Nos deux pays ont été à l’origine de l’adoption par l’UNESCO de la Convention sur la diversité des expressions culturelles. Au nom de la paix et de la sécurité internationale, nous sommes intervenus en étroite concertation dans plusieurs pays en crise : en Afghanistan, en Haïti ou en Libye par exemple.

Je tiens à saluer le soutien immédiat que le Canada a apporté à l’intervention des forces armées françaises au Mali, où j’ai pu lors d’un récent déplacement dans ce pays constater combien il était urgent de contrer la menace terroriste. Lors de sa visite au Canada le mois dernier, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a d’ailleurs eu l’occasion de souligner notre communauté de points de vue sur les grandes questions internationales, du Mali à la Syrie ou à la Corée.

La visite du Premier ministre a également été l’occasion de mettre en avant nos étroites relations économiques. Le Canada, riche en ressources naturelles, est aussi une économie de la connaissance de tout premier ordre. La solidité de son secteur bancaire lui a permis de résister de manière remarquable à la crise financière. Sa croissance économique s’appuie sur le développement rapide des activités extractives, notamment dans l’Alberta.

Qu’il s’agisse d’hydrocarbures, d’industries de pointe ou de technologies de l’information, les échanges bilatéraux franco-canadiens sont en augmentation. La France est d’ailleurs le 7ème investisseur étranger au Canada, où 550 entreprises françaises emploient plus de 85 000 personnes. Le dynamisme de ces échanges économiques repose aussi sur une solide coopération universitaire et scientifique qui garantit la mobilité des personnes, notamment des jeunes et des chercheurs. Nous attendons la signature de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, qui contribuera encore au rehaussement de nos relations économiques.

En somme, la France et le Canada sont deux partenaires historiques dont la proximité culturelle et la communauté de vues ne se sont jamais démenties.

Les travaux comparatifs conduits par notre Association sur nos deux systèmes économiques sont extrêmement utiles, car ils sont en prise directe avec les enjeux majeurs des sociétés modernes, qui affectent la vie quotidienne des citoyens. Je veux citer ici le développement durable et l’industrie agro-alimentaire qui sont à l’ordre du jour de vos échanges.

Alors que nous venons de célébrer la « semaine du développement durable », vous vous êtes saisis ce matin de trois thèmes environnementaux d’une importance cruciale pour les sociétés d’aujourd’hui et celles de demain : la gestion de l’eau, l’utilisation des intrants agricoles et la protection des milieux fragiles. Ce sont des défis communs, et je me réjouis que le dialogue interparlementaire puisse se les approprier, fort de l’expertise et de la connaissance de terrain de nos élus.

Cet après-midi, votre ordre du jour porte sur les industries agro-alimentaires, un sujet dont vous avez déjà pu discuter lors de votre séjour en Gironde où vous avez visité des exploitations agricoles. En Europe, plusieurs scandales récents ont mis en lumière la complexité croissante des circuits de commercialisation des produits alimentaires et la multiplication, parfois opaque, des intermédiaires entre producteur et consommateur, qu’ils soient transformateurs ou distributeurs des produits. Sur cette question essentielle, qui est au cœur de la vie de la cité démocratique, les parlementaires ont un indispensable rôle d’information et de contrôle. Par vos travaux vous contribuerez à nourrir le débat public, à partager les expériences, à identifier les bonnes pratiques et, au final, à rendre nos sociétés plus sûres, plus durables, plus fortes face aux turbulences du monde actuel.

Pour toutes ces raisons je tiens à vous redire combien je me réjouis de la vitalité de l’Association interparlementaire France-Canada, des chaleureux liens d’amitié qu’ont tissé ses membres par-delà les appartenances politiques, et de votre contribution à tous aux excellentes relations qu’entretiennent nos deux pays.

« Les chemins qui vont droit devant s’escaladent », écrivait Gilles Vigneault : face aux multiples défis qui se présentent à nous, la crise économique et sociale, le rééquilibrage de la richesse mondiale, les changements climatiques, nous ne devons ni reculer, ni tergiverser, mais surmonter ces obstacles ensemble, forts de notre histoire commune et de notre attachement aux valeurs qui fondent nos deux démocraties.

Je vous remercie.