« Les défis mondiaux du XXIe siècle » - huitième débat du cycle des Mardis de l’Avenir

Les Mardis de l’Avenir
Les défis mondiaux du XXIème siècle
Mardi 7 octobre 2014 – Hôtel de Lassay

Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le Secrétaire exécutif,
Monsieur le Secrétaire général chargé de la préparation et de l’organisation de la COP21,
Monsieur le Directeur général de l’Association nationale des délégués d’État à l’énergie des États-Unis,
Monsieur le Président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, cher Stéphane,
Mesdames et Messieurs les élus,
Chère Amandine Bégot, qui animez nos débats,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Je suis très heureux de vous retrouver ce soir pour la séance d’ouverture de la deuxième saison des Mardis de l’Avenir.

Un an déjà !

Certains d’entre vous sont des fidèles, et je les en remercie ; d’autres sont des convertis et je les en félicite.

***

Les Mardis de l’Avenir ont été créés à l’automne dernier pour débattre de la transition écologique et pour déplacer le débat national au Parlement.

Je dois dire que le succès a été au-delà de ce que j’avais escompté. Vous êtes beaucoup plus nombreux aujourd’hui qu’il y a un an ! La salle des fêtes ne va bientôt plus suffire !

Le premier cycle des Mardis de l’Avenir a souhaité approfondir tous les enjeux et modalités de la transition énergétique, dans la perspective de la future loi, qui est aujourd’hui même débattue dans l’hémicycle. La coïncidence de calendrier est un clin d’œil amusant.

Je salue les députés de la commission spéciale, dont certains nous feront l’honneur de leur présence entre deux débats en séance durant cette semaine très chargée. Je les remercie très sincèrement.

***

Si la première saison s’est focalisée sur la transition énergétique dans la perspective de l’examen de la loi, cette deuxième saison a vocation à s’ouvrir plus largement encore. Nous aborderons d’autres sujets, à savoir la protection de la biodiversité, la chaîne alimentaire, les mutations nécessaires de nos entreprises, les nouveaux modèles économiques, les nouveaux indicateurs de développement et de richesse, la jeunesse et l’éducation ou encore comment promouvoir la culture de la transition écologique.

Notre horizon pour ce nouveau cycle de débats, c’est la préparation de la 21e Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la fameuse « COP21 », qui se tiendra à Paris en décembre 2015. Cette COP21 doit être perçue comme l’opportunité de réussir la transition écologique dans tous ses aspects et dans tous les secteurs.

Le problème de notre société, c’est qu’elle fonctionne en silo.

Tant que la pensée unique considérera que l’écologie est un domaine à part, nous ne pourrons pas réussir collectivement et globalement la transition écologique.

Il faut décloisonner. Loin de se limiter à la transition énergétique, elle doit se diffuser et irriguer toutes les composantes de notre société : alimentation, éducation, entreprises, culture...

Eh bien justement, c’est tout le programme de cette deuxième saison des Mardis de l’Avenir !

Le traitement compartimenté de l’écologie est contreproductif. Prenons trois exemples :

L’exemple du CICE et de la fiscalité écologique est probant : un tiers des recettes nouvelles permettant de financer le CICE doit provenir de la fiscalité écologique. Or, le CICE n’a pas une éco-conditionnalité dans son déboursement. Ainsi, la fiscalité écologique pourrait revenir à financer des activités polluantes ! 

Prenons maintenant le thème de l’éducation. Notre société doit évoluer vers un nouveau modèle de développement mais nos formations restent les mêmes et sont cloisonnées. Si nous fabriquons les mêmes élites, elles recommenceront les mêmes politiques. Comment réussir la transition écologique si elle ne commence pas par l’éducation de nos enfants ?

Il faut revoir nos programmes et nos façons d’enseigner pour faire rentrer la transition écologique dans le quotidien de nos enfants à l’école.

Enfin, dernier exemple parlant : celui des indicateurs de développement et de richesse. Aujourd’hui, l’indicateur prédominant pour mesurer le progrès est le produit intérieur brut (PIB) par habitant. Tant que nous continuerons à mesurer notre « réussite » à l’aune de cet indicateur, nous passerons à côté des véritables enjeux. La croissance du PIB ne peut être qu’un objectif intermédiaire poursuivi par les politiques publiques : celles-ci doivent avant tout avoir pour finalité d’améliorer le bien-être humain et de garantir le développement durable. Si l’on ne change pas le système de « notation », comment voulez-vous que nous changions nos politiques et nos comportements ?

C’est pourquoi nous allons insister cette année sur la transversalité de la transition écologique.

Les changements de comportement sont des leviers clés à décliner dans tous les domaines pour réussir cette transition. 

Notre réflexion cette année mettra donc l’accent sur la rénovation profonde de nos modes de pensée ainsi que sur les instruments pour les faire changer.

Cette ouverture sur le fond des débats s’accompagne d’une ouverture sur la forme et d’une certaine démocratisation des Mardis de l’Avenir.

Nous ferons venir cette année des acteurs historiquement moins sollicités sur les questions environnementales, comme des associations de jeunesse et de quartiers.

Quelles sont les autres nouveautés ?

Nous avons deux nouveaux partenaires.

Aux côtés de l’Institut du développement durable et des relations internationales et du think tank Cartes sur table, nos partenaires « historiques », l’Agence française de développement et le Réseau français des étudiants pour le développement durable nous ont rejoints dans cette aventure collective. Plusieurs représentants de nos partenaires sont aujourd’hui présents et je tiens à les remercier pour leur implication et leur coopération.

Autre nouveauté que je tenais à souligner : le cocktail qui suit nos débats est désormais bio ! Certains diront que c’est anecdotique. Loin de là, il s’agit de souligner l’importance de développer une agriculture saine et durable.

***

Avant de conclure, je veux vous dire quelques mots sur le débat d’aujourd’hui dont le titre est très ambitieux : « Les défis mondiaux du XXIème siècle ».

Je voudrais remercier toutes les personnalités qui ont accepté de participer à cette séance d’ouverture qui traitent de sujets éminemment importants puisqu’ils hypothèquent l’avenir de la planète :
-    l’urgence climatique
-    et la nécessité de préserver notre biodiversité, notre environnement et nos ressources naturelles.

Nous avons une double ambition ce soir.

A travers l’exemple du défi climatique, il s’agira de faire le lien entre les différentes échelles, du local au global. Les acteurs mobilisés aux différentes échelles doivent être coordonnés.

C’est tout l’enjeu de la COP21 : la somme des efforts de chacun doit constituer la réponse globale pour notre planète et pour l’avenir des générations futures. Leur réussite appelle à ce que chaque pays prenne ses responsabilités et se prépare à la mise en œuvre de politiques ambitieuses. Les négociations des diplomates n’ont pas abouti à ce jour. Un des enjeux les plus importants est de répondre à la différence croissante entre ce à quoi les pays sont prêts à s’engager pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’une part, et ce qu’exige la science pour maintenir la hausse des températures à deux degrés par rapport à l’ère préindustrielle, d’autre part.

Il y a quelques jours à peine, la Pologne n’excluait pas de mettre son « veto » aux réductions des émissions de CO2 souhaitées par l’Union européenne. L’Europe est un échelon important, comme nous le verrons avec Danielle Auroi, présidente de la commission des Affaires européennes à l’Assemblée nationale.

Mais ce que je voulais souligner, c’est l’hostilité de la société civile polonaise à cette position du Gouvernement. On voit donc toute l’importance pour la réussite de ces négociations internationales d’une mobilisation citoyenne forte.

Le souffle doit venir de la base : entreprises, associations, territoires, l’ensemble de la société civile, et bien sûr les parlementaires. Nous allons en débattre.

Nous essayerons ensuite de faire le lien entre le défi climatique et d’autres défis pour ce siècle, comme la préservation de la biodiversité et de notre environnement. Là aussi, nous avons tendance à oublier que tout est lié.

Nos océans sont des puits de carbone naturels qui permettent d’absorber une grande partie des émissions de CO2 provenant des activités humaines, mais la dégradation des écosystèmes sous-marins diminue ces capacités d’absorption. Préserver les écosystèmes subaquatiques aide à réguler le climat.

On essaiera de voir quels modèles économiques et sociaux doivent émerger pour intégrer ces problématiques croisées.

Pour ce faire, il faut discuter et agir. Si la tradition du dialogue social existe dans notre pays depuis plus d’un siècle, nous devons maintenant réussir à créer un véritable dialogue environnemental.

***

Ainsi, c’est sans plus attendre que je laisse toute sa place au débat.

Je vous remercie.