Les villes de demain - quatorzième débat du cycle des Mardis de l’Avenir

Les Mardis de l’Avenir
Les villes de demain
Mardi 5 mai 2015

Madame la Maire de Paris, chère Anne,
Monsieur le Maire de Vancouver, que je tiens à remercier très sincèrement et chaleureusement d’avoir accepté mon invitation à débattre ce soir et d’avoir planifié à cette occasion un déplacement à Paris,
Mesdames et Messieurs les députés,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Je suis très heureux de vous retrouver pour une nouvelle édition des Mardis de l’Avenir, ce soir consacrée aux villes de demain.

Les villes concentrent de nombreux enjeux en matière de développement durable. Les zones urbaines accueillent aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale et cette proportion devrait dépasser les deux tiers en 2050.

À l’échelle mondiale, les villes sont responsables de plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie.

Ce n’est en rien les stigmatiser, ni déresponsabiliser les citadins. Bien au contraire ! Les villes ont un rôle capital à jouer et sont un levier essentiel pour accélérer la transition écologique.

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Je tiens à saluer les trois maires, la Maire de Paris Anne Hidalgo, le Maire de Vancouver Gregor Robertson, et le maire d’Arcueil Daniel Breuiller, pour leur présence à nos côtés et pour leur engagement en faveur de la lutte contre le changement climatique. Votre action et votre politique permettent de réorienter vos villes vers un modèle plus durable, d’en réduire l’empreinte environnementale et d’améliorer la qualité de vie de vos administrés.

Monsieur le Maire de Vancouver, vous avez souhaité faire de votre ville, la plus verte du monde d’ici 2020. Vancouver s’est récemment engagée à atteindre l’objectif de 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2050. Grâce à votre politique, elle se classe désormais parmi les villes les plus agréables à vivre.

Madame la Maire de Paris, chère Anne, que d’actions ambitieuses lancées en un an de mandat ! Vous présentiez le plan anti-pollution de Paris en début d’année. Vous avez également lancé les États Généraux de l’économie circulaire. Et fin mars, vous réunissiez une trentaine de maires de villes européennes pour renforcer votre action et votre coopération dans la lutte contre le changement climatique.

Bien que de plus petite taille, la ville d’Arcueil a une politique de développement durable très développée : raccordement à la géothermie, école à énergie zéro, zones 30, forte implication citoyenne dans l’élaboration des projets… Les choses avancent aussi, hors de la ville centre d’une métropole.

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Chaque ville est singulière. Pourtant, on peut dégager un certain nombre de traits communs. Les villes doivent intégrer plusieurs problématiques en matière de développement urbain durable :

-   tout d’abord, la mobilité représente un défi particulier pour les politiques urbaines. Je veux citer un chiffre. Selon une enquête publiée il y a quelques semaines par l’INSEE, la voiture reste le mode de transport majoritaire des habitants des villes européennes pour se rendre à leur travail : 60 % des déplacements domicile-travail sont effectués en voiture ou en deux-roues motorisées, contre 20 % en transports en commun et 20 % en vélo ou à pied.

-    Les villes sont également confrontées aux problèmes de pollution de l’air – et les déplacements en sont en grande partie responsables – mais aussi de traitement et de réduction des déchets.

-    Elles doivent prendre en compte les relations qui existent entre les choix en matière d’usage des sols, de formes urbaines et les consommations énergétiques. Elles font face à la montée en puissance des défis de santé environnementale et doivent considérer ces exigences dans les politiques d’urbanisme et d’aménagement.

-    Le défi du logement se pose en outre dans toutes ses dimensions : économique, sociale et environnementale. Il faut suffisamment de logements, à des prix abordables pour permettre l’accès de tous à un habitat. À cela, s’ajoute la lutte contre la précarité énergétique qui est fondamentale. L’enjeu réside tout particulièrement dans l’amélioration du parc bâti existant. Dans les grandes villes, les bâtiments représentent jusqu’à 80 % des émissions de dioxyde de carbone.

-    Elles doivent concourir également au bien-être social de la population et à l’attractivité économique de leur territoire.

Alors, une fois dressé ce constat, quelles sont les solutions ? Comment réduire l’impact environnemental des villes ? Quelle doit donc être la nouvelle façon de concevoir, construire et gérer la ville de demain ? De quelle manière doivent-elles être pensées, administrées et vécues ? Telles sont les grandes questions que nous nous poserons ce soir.

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S’il n’y a pas de réponses toutes faites et simples, je veux quand même vous livrer quelques-unes de mes convictions :

1. Je le dis souvent, nous avons tendance à trop fonctionner en silo. Or, face à ces défis, nous avons besoin de transversalité et de cohérence. Il faut décloisonner les disciplines et les compétences pour répondre aux problématiques de qualité de vie, de protection de l’environnement, de diversité et de lien social.

2. Une des questions essentielles dans la fabrication des villes de demain est l’articulation entre les pouvoirs nationaux et les pouvoirs locaux.

L’expérimentation est un puissant levier pour mettre en œuvre la transition écologique. C’est dans les territoires que nous observons les avancées concrètes de cette transition. Comment aider les maires ? Quel niveau de décentralisation ? Je crois que les maires devraient prendre un rôle plus important dans les politiques sur l’environnement qui relèvent aujourd’hui du niveau national. Car c’est dans les villes que les problèmes se posent majoritairement. Le développement durable, c’est adapter l’action publique aux réalités de terrain. Nous aurons l’occasion d’en reparler ce soir, mais cela prend une résonance toute particulière dans l’actualité française, avec les épisodes printaniers de pics de pollution. Les maires peuvent aussi pousser les pouvoirs nationaux à aller plus loin et plus vite.

Et je me réjouis des réseaux de villes et de collectivités locales, tels que C40 ou Energy Cities, dont je salue la présence de sa Directrice générale Claire Roumet. L’échange des bonnes pratiques et les engagements communs des villes à travers ces réseaux démontrent que la ville est un acteur de plus en plus déterminant dans la lutte contre le changement climatique à l’échelle internationale.

3. La place du citoyen dans la ville de demain doit enfin être étudiée. Les habitants ont un rôle majeur à jouer dans la construction de la ville de demain. Le défi de la transformation des modes de vie et des usages implique leur participation.

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Pour conclure, les exigences sociales et environnementales sont étroitement mêlées. Le véritable enjeu de la ville de demain est de lier la cohésion urbaine et la cohésion sociale, de faire en sorte que la politique de la ville que l’on connait aujourd’hui et la construction de la ville durable ne soient qu’une seule et même politique publique. Lorsque la transition écologique questionne la conception des villes durables, elle permet de répondre aux défis environnementaux, mais aussi sociaux, économiques et même démocratiques.

Prenons l’exemple de la mobilité. C’est une question éminemment sociale. Tout commence par les transports : l’accès à l’éducation, à l’emploi ou à la culture. C’est dans les quartiers que la mobilité est la plus polluante, car c’est là que l’offre de transports en commun est la moins développée, contraignant les populations à l’utilisation de la voiture. Désenclaver ces quartiers par le développement de transports en commun répond donc à un impératif social mais aussi écologique.

En cette année où la France préside la COP21, toutes les échelles sont importantes, du local au global. Pour réussir, tous les acteurs sont utiles. L’urgence climatique ne doit pas être la seule affaire des négociateurs. Cela doit être l’affaire de tous. Au sein de la société civile, l’action des villes est primordiale. Vos actions se positionnent dans l’ « agenda positif » mis en avant par la présidence française pour la COP21. C’est la somme des efforts de chacun qui constituera la réponse globale pour notre planète.

Sans plus attendre, je donne la parole à Amandine Bégot qui animera la soirée. Je vous remercie.