Mission de réflexion sur toutes les formes d’engagement et sur le renforcement de l’appartenance républicaine

Lancement de la mission « engagement citoyen et appartenance républicaine »
Jeudi 19 février 2015 à 9 heures
Salle Lamartine

Je suis très heureux de pouvoir procéder aujourd’hui à l’installation de notre mission de réflexion sur l’engagement citoyen et l’appartenance républicaine.

Chers collègues, qui représentez ici l’ensemble des groupes politiques de notre Assemblée, je vous remercie chaleureusement d’avoir bien voulu participer à ces travaux.

En votre nom, je salue les représentants des deux grandes fondations politiques de notre pays, la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation pour l’innovation politique. Messieurs, je vous ai proposé d’accompagner l’ensemble de nos travaux et de les enrichir de vos contributions.

Vous réaliserez de plus conjointement une vaste étude d’opinion, étude que vous mènerez en deux temps en partenariat avec l’institut Harris Interactive : dans un premier temps, un état des lieux de l’opinion dont nous disposerons rapidement, et ensuite le regard porté sur les propositions qui émergeront de nos travaux.

C’est le Président de la République qui, lors de ses vœux aux corps constitués et aux bureaux des assemblées, a souhaité confier au Parlement cette réflexion, je le cite précisément,  « sur toutes les formes d'engagement et sur le renforcement de l'appartenance républicaine. »

Nous sommes ici dans le prolongement du grand élan républicain du 11 janvier. Ce jour-là, c’est un grand appel à la réaffirmation des valeurs fondatrices de notre société qui a été lancé et qui nous engage tous.

Je ne veux faire aucune confusion, aucun raccourci : ce n’est pas en réponse à la folie meurtrière qui a touché notre pays en janvier puis le Danemark il y a quelques jours que cette mission est constituée.

Ne cherchons pas une causalité directe entre un certain délitement du lien civique et du sentiment d’appartenance à la communauté républicaine et des dérives criminelles. D’ailleurs, certains terroristes ou certains de leurs proches n’avaient-ils pas apparemment bénéficié de cette promesse républicaine ?

Cette mission n’est donc pas un outil de la lutte contre les terroristes. Si nous sommes là, c’est pour répondre à une attente forte de notre communauté nationale de valeurs partagées et surtout mises en œuvre.

Car le mal qui atteint notre société est ancien. Il se nomme ségrégation, ce que j’appelle cette  « assignation à résidence » de millions de nos compatriotes. Cette ségrégation, elle est sociale, éducative, professionnelle, elle s’exprime aussi dans le logement, bien sûr. Et c’est elle qui mine la promesse républicaine, qui nourrit toutes les démobilisations, les déceptions et les replis.

Comme l’a souligné le Président de la République, la solution « passe par la mobilisation de toutes nos institutions : l'éducation, la justice, la police, avec tous les outils de l'intégration, (…) et qu'il nous convient de faire vivre. ».

Pour cela, l’État républicain, garant des droits et de la cohésion nationale, doit pouvoir compter sur la participation et l’engagement citoyen. Nous avons collectivement la responsabilité, nous élus nationaux et élus locaux, de redonner toute sa place à l’expression des citoyens engagés.

La promesse d’égalité républicaine, pour se renouveler et de nouveau se concrétiser, a besoin, à côté des politiques publiques, d’actions citoyennes collectives. Les idées de coopération, d’engagement, de participation, de construction collective ne doivent plus être étouffées.

Parce que notre contrat républicain n’est plus crédible si un jeune reste assigné à la pure reproduction sociale et spatiale de sa famille. Parce que cette question de l’engagement croise celle de la participation des citoyens à la décision et au contrôle de l’action publique.

Comment aider ces actions citoyennes à émerger, comment les soutenir, les conforter, leur permettre de se structurer et plus tard d’aboutir, ce sont au fond les grandes questions que nous aurons à nous poser au cours des prochaines semaines.

J’aimerais également vous dire dans quel état d’esprit j’aborde cette mission. Nous sommes beaucoup ici à avoir d’ores et déjà réfléchi à ces questions. Nos collègues y ont également beaucoup travaillé au cours des années récentes. Nous évoquerons ces travaux, bien évidemment.

Mais si nous voulons que nos travaux débouchent véritablement sur quelque chose, si nous voulons répondre à la demande du Président du République, nous devrons être capables, dans le court délai qui nous est donné, de proposer une quinzaine de propositions concrètes, rapidement opérationnelles.

Après les heures sombres de ce début d’année, l’engagement citoyen prend une dimension nouvelle. Celle du défi d’une citoyenneté active, à tous les âges de la vie, au service d’une France solide et solidaire, d’une société juste, fraternelle et responsable.