Réception du Nouvel An chinois
Mardi 2 février 2016, 17h45 – Hôtel de Lassay
Monsieur l’Ambassadeur,
Monsieur le Ministre,
Chers collègues,
Chers amis,
C’est avec le plus grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue à la présidence de l’Assemblée nationale pour célébrer la nouvelle année du calendrier lunaire chinois, l’année du Singe, l’année de toutes les surprises selon l’astrologie chinoise. C’est l’année du dépassement de toutes les conventions. Je remercie tout particulièrement Son Excellence Monsieur ZHAI Jun, ambassadeur de Chine en France, et ses collaborateurs pour avoir préparé les buffets culinaires chinois qui vont vous être offerts.
Je salue Jean-Marie Le Guen pour avoir pris l’initiative de cette réception en 2008 avec le soutien de la communauté chinoise de Paris.
Mais si elle est aujourd’hui devenue une tradition, c’est largement grâce à l’action de tout le groupe d’amitié France-Chine emmené par son président Bruno Le Roux, et de ses membres, tous particulièrement actifs comme le président Accoyer, Christophe Borgel, Jean-Louis Touraine ou encore Alain Rodet, parmi tant d’autres.
Cette réception est l’occasion de témoigner de ce lien d’amitié et de confiance qui lie la République française à la Chine, à la population d’origine chinoise installée en France mais aussi plus généralement à nos très nombreux concitoyens d’origine asiatique dont les familles sont venues de Chine, du Vietnam, du Cambodge ou du Laos. Cette communauté asiatique est un exemple d’intégration non seulement pour nous tous ici en France mais également pour toutes les communautés asiatiques dans le monde. Vous avez devant vous, Monsieur l’Ambassadeur, des représentants de cette communauté qui pourront vous dire de vive voix combien nos deux peuples ont réussi à dépasser leurs différences de langue et de culture, pour former une communauté soudée travaillant de concert pour le bien commun.
Pour apprécier cette réussite, il faut mesurer le chemin parcouru : en 1911, seuls 293 Chinois étaient recensés à Paris, une ville de 2 millions d’habitants où il n’y avait que 2 restaurants chinois ouverts. C’est la Première Guerre mondiale qui a été à l’origine de l’installation de la communauté chinoise et extrême-orientale en métropole.
Ont, en effet, été alors recrutés pour l’effort de guerre 140 000 ouvriers chinois avec des contrats de travail de cinq ans ; 10 000 d’entre eux sont morts en France dans des travaux de déminage ou de construction de tranchées et nous devons rendre hommage à leur mémoire et à leur sacrifice pour un pays dont ils ignoraient tout avant leur départ de Chine. Autant sont restés en France après la guerre, la plus grande part dans l’ilot Chalon derrière la gare de Lyon où s’est créé le premier quartier chinois de Paris.
Il faut louer le courage et la ténacité de ces pionniers qui ont créé des petits commerces, des entreprises, qui se sont insérés par eux-mêmes dans la société française, ont poussé leurs enfants à faire des études dans les écoles publiques et ont attiré leurs compatriotes du Zhejiang et de Wenzhou. Ces travailleurs, ces entrepreneurs nous montrent que l’éducation et le travail permettent de surmonter les difficultés qui paraissent hors de portée, que la réussite passe par l’établissement de liens de confiance, le respect de l’autre et des lois de la République et par l’intégration sociale. Les communautés chinoises et asiatiques d’Ile-de-France nous montrent également que les cultures française et chinoise peuvent prospérer et vivre en symbiose sans se renier.
La Chine et la France produisent, créent, aiment les défis, prendre des risques, entreprendre et comprendre.
C’est pourquoi, en accord avec vous, Monsieur l’Ambassadeur, j’ai souhaité ouvrir plus largement, depuis l’année dernière, notre réception du Nouvel An au monde de l’entreprise, chinoise comme française. Je souhaite que ce haut lieu de la République puisse être un espace de rencontre entre la France et la Chine également au plan économique au moins une fois par an. Je veux ainsi marquer le soutien des élus de la Nation au développement des relations économiques entre nos deux pays et affirmer la confiance des autorités politiques dans l’action des communautés asiatiques d’Ile-de-France.
La France et la Chine s’enrichissent de la proximité et du mélange de leurs deux cultures et de leurs populations. Et je le dis avec fierté dans ces temps où trop d’esprits prônent le repli sur soi et le fantasme identitaire : la France s’honore de la présence sur son sol de la plus importante communauté chinoise d’Europe.
Nous devons montrer avec fierté la réussite de l’intégration en France des communautés chinoise et extrême-orientales, nous devons montrer tout le bénéfice économique, social et culturel dont la France et la Chine, mais également les pays du Sud-Est asiatique, retirent de cette présence et de la force des communautés asiatiques de France. Sachez que je resterai le défenseur inlassable du développement des liens humains et économiques entre nos deux pays car comme vous le dites souvent, Monsieur l’Ambassadeur, c’est un développement gagnant-gagnant pour la France et la Chine.
C’est un développement qui doit aussi bénéficier aux entreprises françaises – dont vous avez ce soir plusieurs hauts représentants devant vous – qui doivent également pouvoir, de leur côté, investir et vendre en Chine.
Pour les jeunes Français, la Chine doit également être une opportunité d’épanouissement. Il est important qu’ils puissent aller travailler et se former en Chine. C’est pourquoi je saisis cette occasion, Monsieur l’Ambassadeur, pour répéter la préoccupation des parlementaires quant aux difficultés que rencontrent les entreprises françaises pour envoyer des stagiaires en Chine. Des efforts sont faits par le Gouvernement chinois mais ils ne permettent pas de suivre le rythme de la demande importante de nos entreprises. Que mille stagiaires fleurissent chez vous et chez nous ! La plus grande découverte que peut faire une culture, c’est celle de l’Autre.
Mais je ne doute pas que cette année du Singe va être source d’agréables surprises, de bonne humeur et d’esprit pour nos relations bilatérales. C’est pourquoi je vous souhaite à tous bonheur, santé et prospérité : Xin nian kuai le !