100 ans de la Confédération Nationale du Logement
« Conférence sur la participation des habitants »
Mercredi 4 mai 2016 à 14h, salle Colbert
Monsieur le Président de la Confédération Nationale du Logement, Eddie Jacquemart,
Monsieur le Président de la Fédération des Offices d'HLM, Alain Cacheux,
Madame la Sénatrice de Paris, Marie-Noëlle Lienemann
Monsieur l’adjoint au logement de la Mairie de Paris Ian Brossat,
Messieurs, Mesdames les députés,
100 ans… Quel bel âge, quel bel anniversaire.
100 ans… Quelle belle opportunité pour rendre hommage à votre engagement constant, à votre mission historique, qui reviennent finalement à faire vivre la République.
Faire vivre la République. C’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui.
Où mieux qu’à l’Assemblée Nationale pouvions-nous alors célébrer les 100 ans de la Confédération Nationale du Logement ?
Plus que jamais après les attentats de 2015, nous avons la responsabilité de faire vivre la République et ses valeurs, au travers de l’engagement citoyen.
Chacun doit y prendre toute sa part. Vous y participez en tant qu’association, et vous jouez un rôle primordial dans la consolidation du lien social dans nos territoires.
La loi Quillot de 1982, en consacrant votre rôle de défense des locataires, a donné enfin une voix aux près de huit millions de ménages qui se sont vus enfin reconnaître des droits en tant que locataires.
Information des locataires, règlement amiable, conciliation, action en justice, défense des consommateurs et même négociation d’accords collectifs, vous avez su par votre présence sur le terrain et votre contact privilégié avec les locataires, incarner leurs préoccupations concrètes.
Les récentes législations n’ont eu de cesse de s’appuyer sur vous pour reconnaître votre rôle, par exemple, au sein des commissions départementales de conciliation ou de la commission de contrôle des activités de transaction et de gestion immobilières.
Par-delà le logement, dans votre activité quotidienne, c’est bel et bien d’engagement citoyen qu’il s’agit. Cet engagement, je le connais, et il va bien au-delà de la défense des locataires, notamment lorsque vous développez des enseignements d’éducation populaire dans nos établissements scolaires pour sensibiliser nos jeunes aux grands enjeux sociaux et climatiques.
C’est ainsi tout naturellement que j’ai proposé d’instituer dans mon rapport sur l’engagement citoyen, remis au Président de la République, un droit à l’engagement associatif.
Ce droit doit permettre à chacun, quelle que soit sa situation professionnelle, de donner de son temps à une association grâce à un « crédit-temps engagement » pour les salariés des secteurs public et privé dans l’accomplissement de leur engagement au sein d’associations d’utilité civique.
Ce droit à l’engagement associatif doit permettre à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice, en œuvrant pour la promotion d’un logement pour tous, la mixité sociale et l’égalité républicaine.
Oui, l’égalité républicaine. Car lorsque nous parlons de logement, nous ne parlons pas de pierre. Nous parlons d’hommes, de femmes, d’enfants. Nous parlons de souffrances et d’espérances. Nous parlons de la condition première pour tout simplement choisir sa vie.
Tout commence par le logement. Notre cap, ce doit être l’accès à un logement pour tous, un logement digne, car on ne peut pas accepter au 21e siècle, de compter 1,7 millions de ménages en attente de logement social, 3,5 millions en situation de mal logement, et 1 ménage sur 5 consacrant 40 % de ses revenus au paiement de son loyer.
Chacun sait ce que peut représenter l’importance d’un logement abordable et confortable pour la réussite éducative de ses enfants.
Chacun mesure l’inquiétude de millions de nos compatriotes de voir leur destin et celui de leurs enfants déterminé par une adresse, un quartier, un immeuble, une cage d’escalier.
L’égalité républicaine ne peut se réduire à de simples proclamations ou à l’inscription d’une devise sur le fronton de nos mairies. L’égalité républicaine signifie la possibilité pour tous de se voir offrir un égal accès au logement, à l’école, ou à la santé, et cela sur l’ensemble du territoire.
Et je ne vous dis pas cela en théoricien ou en technocrate de l’habitat, mais en praticien. Jamais je n’oublierai qu’en arrivant de Tunisie à l’enfance, c’est le logement social qui a accueilli ma famille.
Pilier de notre République sociale et solidaire, il permet aujourd’hui à 4 millions de ménages de se loger dans des conditions abordables.
Aussi, stigmatiser le logement social comme certains ne manquent pas de faire - pour des raisons qui ne leur font d’ailleurs pas honneur - c’est porter un coup à toute la République.
Alors, la main sur le cœur, ils nous disent « Nous n’avons rien contre le logement social, mais nous ne voulons pas de tours et de barres… » Comme si en 2016, on construisait encore des tours et des barres… Parlons vrai, en disant non au logement social, ce qu’ils refusent, ce qu’ils rejettent, ce sont les salariés modestes, ce sont les pauvres, ce sont les immigrés, ce sont leurs enfants !
Ces maires et ces élus locaux qui refusent de bâtir, qui refusent la mixité sociale en compartimentant les ghettos de riches à côté des ghettos de pauvres, ont une responsabilité historique.
Ont-ils seulement conscience qu’ils sont en train de sacrifier des générations entières ?
Ont-ils seulement conscience qu’ils sont des producteurs d’entre soi, et par-là même, de désespérance, de violence ?
Et pourtant… Derrière ces discours qui n’ont rien à envier à celui de « Classes laborieuses, classes dangereuses », il y a une réalité implacable : 75 % de notre population peut un jour être éligible au logement social : familles monoparentales, étudiants, jeunes professionnels, retraités, ouvriers, employés.
Le logement social, c’est le maillon fort du parcours résidentiel.
Je tiens à saluer les bailleurs sociaux qui, en lien avec les collectivités locales, constituent des acteurs essentiels de la construction de logements, de la gestion locative, de la politique de rénovation urbaine, de l’amélioration du cadre de vie et des parcours résidentiels.
Je salue aussi l’engagement indéfectible des associations de locataires dans la gouvernance des Offices publics de l’habitat pour contribuer à une politique ambitieuse et humaniste du logement.
Cette politique ambitieuse consiste d’abord à produire plus de logements abordables pour les bourses les plus modestes. Et cela est d’autant plus nécessaire qu’il y a encore trop de ménages qui n’ont pas les revenus suffisants pour accéder aux logements PLAI qui sont pourtant ceux aux loyers les plus bas.
De son côté, le gouvernement a déjà pris un certain nombre de mesures pour soutenir le monde HLM et le logement.
Il prendra des mesures complémentaires dans le cadre du prochain projet de loi « Egalité et Citoyenneté » qui sera discuté à l’Assemblée Nationale. Vous les connaissez, je n’y reviens pas.
Je sais vous compter parmi ceux qui œuvrent au quotidien pour favoriser la cohésion et la mixité sociale dans nos immeubles, nos quartiers, nos villes et villages.
Mesdames et Messieurs, j’en terminerai par là où j’ai commencé : nous sommes réunis ici à l’Assemblée Nationale, le cœur battant de la République. Je rappelle souvent à mes interlocuteurs que je n’en suis qu’un simple locataire. L’Assemblée Nationale est votre maison.
Alors dans ce lieu, le vôtre, je vous demande de débattre, d’échanger, de réfléchir, de construire. Car il nous appartient collectivement de bâtir et d’entretenir notre République conformément à l’idéal humaniste qui nous réunit aujourd’hui.
Vous en êtes des partenaires et des acteurs essentiels.
Soyez-en remerciés et félicités.
La République est fière de vous.