Monsieur le Président,
Monsieur le député, cher Daniel Goldberg,
Mesdames, messieurs les députés,
Mesdames, messieurs,
Je suis très heureux de vous accueillir à l’Assemblée Nationale pour la remise des labels« Productivez »aux entreprises qui participent à l’effort de redressement de notre industrie.
Dès le début de ma présidence, j’ai souhaité ouvrir grand les portes et les fenêtres de cette maison.
Je suis très heureux de voir que le monde politique et celui de l’entreprise se rencontrent, ici, à l’Assemblée Nationale pour réfléchir à l’avenir de l’industrie.
Cette ouverture de l’Assemblée Nationale, elle est nécessaire pour faire vivre le débat et nourrir des réflexions qui doivent nous inscrire dans un temps long. Celui des grands enjeux économiques et sociaux auxquels la France est confrontée.
Cette remise de labels à des entreprises qui viennent des quatre coins de la France est résolument tournée vers l’avenir de l’industrie.
Le redressement de notre industrie, c’est votre préoccupation, c’est notre priorité depuis le début de la législature. Car notre appareil industriel a été délaissé depuis ces 10 dernières années:
- en dix ans, la France a perdu 750 000 emplois industriels ;
- en trois ans, 900 usines ont fermé.
- Le taux d’investissement en France est l’un des plus faibles de l’OCDE, à 6,1 % du Produit National Brut, quand ce chiffre est de 7,2 % en Allemagne et proche de 9 % en Italie.
- Le retard français en matière d’automatisation est un exemple inquiétant du manque d’investissement. 34.000 robots industriels en France, contre 60.000 en Italie et 150.000 en Allemagne.
- 0,8% de gains de productivité par an, c’est insuffisant pour nourrir la croissance.
Ces chiffres sont mauvais, mais je ne crois pas qu’il y ait de fatalité de la désindustrialisation. Je ne crois pas que la France soit condamnée à être un musée à ciel ouvert.
Dès le début de ma législature, j’ai annoncé une mission d’information parlementaire sur les coûts de production, présidée par mon prédécesseur, Bernard ACCOYER, avec comme rapporteur, le député de la majorité, Daniel GOLBERG.
Sur le sujet qui nous concerne, sur l’état de notre appareil productif, cette mission était triplement utile :
- utile, car elle a permis de mesurer l’ampleur de la dégradation du taux de marge de nos entreprises, dont on sait qu’il est une condition pour l’investissement ;
- utile, car elle a contribué à mieux cerner le retard que l’on connaît en termes d’investissement et d’automatisation ;
- utile, car elle a permis de mettre en lumière les enjeux de l’amélioration de notre productivité et de la « compétitivité-qualité » pour réindustrialiser et monter en gamme.
Je salue ton travail, Daniel. Tu as posé les bons termes du débat sur la compétitivité. Tu as fait un état des lieux précis et objectif, sans concessions. Enfin, tu as fait des recommandations précieuses et opérationnelles.
***
Je tiens aussi à adresser un petit clin d’œil au groupe« entreprendre à gauche »piloté par un groupe de députés de la majorité, Laurent GRANDGUILLAUME, ici présent, et Thierry MANDON.
On a eu l’occasion d’avoir une rencontre récente sur le thème de la« ré-industrialisation et l’innovation aux États-Unis ».
L’idée de ré-industrialisation déborde largement nos frontières. Les États-Unis sont en train de vivre une nouvelle révolution industrielle. Ils participent à l’émergence d’un nouveau monde.
Nous ne sommes pas dans une crise, mais dans la transition vers un nouveau monde.
Dans ce contexte anxiogène, ne cédons pas à la « sinistrose », car dans un même temps, c’est un nouveau monde plein d’opportunités qui s’offre à nous.
La France se doit d’être ouverte sur le monde, attentive et sensible aux évolutions de ses voisins. Ce n’est pas une France qui porte des œillères et se replie sur elle-même. C’est une France optimiste, confiante dans l’avenir et qui sait observer les autres, pour éviter les erreurs et s’inspirer des réussites.
Les États-Unis font de la modernisation des technologies de production, l’un des axes majeurs de leur nouvelle révolution industrielle. Ils mettent le paquet pour conserver et relancer leur industrie, en particulier en soutenant de manière significative l’innovation dans les technologies de production.
On peut résumer cette rencontre par le fait qu’hier on délocalisait vers les pays émergents pour bénéficier du faible coût de la main d’œuvre et que demain, on relocalisera dans les pays développés pour gagner du temps et développer une offre de qualité. Et cela en particulier grâce à une modernisation de l’appareil productif.
C’est pourquoi, votre offre innovante de process et technologies de production est primordiale pour le redressement de l’industrie française, et le maintien de nos capacités de recherche et développement.
Par ailleurs, votre offre innovante peut être un atout dans la transition vers un nouveau modèle énergétique, économe en carbone.
***
Les États-Unis se sont engagés dans cette révolution industrielle. La France et l’Europe sont à la croisée des chemins, et se doivent de faire les bons choix pour anticiper les prochaines mutations industrielles et réindustrialiser judicieusement notre continent.
En Europe, il y a de vraies opportunités. La seule robotique de service représentera un marché de 100 milliards d'euros en 2020 selon la commission européenne et ce marché sera multiplié par 30 en dix ans. Alors, ne ratons pas le coche.
En France, je pense que les mesures et initiatives prises par le gouvernement et le parlement vont dans le bon sens.
Le pacte pour la compétitivité, la croissance et l’emploi, la mission d’information parlementaire sur les coûts de production, l’initiative du Ministre du redressement productif en faveur de votre filière « France Robots Initiative » : l’investissement dans nos machines est devenu une question aussi centrale que celle du coût du travail.
Le robot et la machine ne sont ni les ennemis de l’homme ni ceux de l’emploi. C’est un moyen de créer de la valeur.
Plus que d’un choc de compétitivité, c’est d’un choc d’investissement dont nous avons besoin pour réindustrialiser et relocaliser.
On peut être fier, par exemple, de l’entreprise Rossignol, fabricant de skis « made in France » qui a relocalisé sa production de Chine vers la France. Cette réussite a été, bien sûr, possible grâce à des investissements matériels conséquents. Avec 40 nouveaux emplois à la clé entre 2012 et 2013.
La ré-industrialisation, la relocalisation, c’est possible. Cela doit être notre bataille pour nous, élus de la République. Les mesures courageuses prises par le gouvernement s’inscrivent dans cette bataille pour notre industrie et l’emploi. Par exemple :
- le crédit d’impôt compétitivité emploi de 20 mds d’euros, préfinancé par la BPI pour les PME ;
- un crédit d’impôt recherche étendu à l’innovation.
- et plus particulièrement pour le secteur de la robotique, un plan ambitieux de filière doté de 100 millions d’euros pour les entreprises du secteur.
Maintenant, la balle est aussi dans votre camp. Je vois dans cette remise de labels votre mobilisation à nos côtés, et je tiens à vous saluer – le SYMOP, mais aussi toutes les entreprises exemplaires qui se sont inscrites dans la démarche de votre label – pour cette initiative.
Aujourd’hui, plus que jamais, il m’apparaît impératif de travailler main dans la main pour redresser notre industrie et préparer notre révolution industrielle.
Car la ré-industrialisation ne se décrète pas, elle se construit avec vous.
Merci à vous.