Remise du rapport de la commission d’enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l’électricité nucléaire
Mardi 10 juin 2014 à 12h30 – Hôtel de Lassay
Monsieur le Président,
Monsieur le Rapporteur,
Mesdames et Messieurs les députés,
Mesdames, Messieurs,
Je suis ravi de vous accueillir à l’Hôtel de Lassay pour recevoir le rapport de votre Commission d’enquête relative aux coûts de la filière nucléaire.
Je veux d’abord rendre hommage au travail de grande qualité du rapporteur, Monsieur Denis BAUPIN, et à la présidence des débats assurée par Monsieur François BROTTES. Je salue aussi tous les membres de la Commission d’enquête.
Vos travaux se sont effectués dans des délais très contraints. Vous avez énormément travaillé, notamment en procédant à 75 auditions pendant ces cinq derniers mois.
Vous avez travaillé sur un sujet qui, je le crois, est primordial pour tous les Français.
Dans un contexte de coût croissant de la production de l’électricité nucléaire en France, encore rappelé par la Cour des comptes il y a deux semaines, il fallait éclairer et apporter l’information la plus complète possible sur la filière du nucléaire. Cette filière occupe aujourd’hui une place prépondérante dans le mix électrique national, puisqu’elle permet de produire 75 % de l’électricité en France.
C’est pourquoi, il était important que la représentation nationale se saisisse du sujet pour donner des clés de compréhension à tous, puisque celle-ci va être sollicitée dans les prochaines semaines par le Gouvernement sur le projet de loi de programmation pour la transition énergétique tant attendu !
Et la tâche était complexe !
Le coût croissant de l’électricité nucléaire vient impacter fortement le pouvoir d’achat des ménages et augmente les charges des entreprises, dans un contexte économique déjà très difficile.
L’arrivée prochaine des 40 ans de durée de vie des réacteurs entraîne de nombreuses incertitudes. Les dépenses de maintenance et de sûreté augmentent. Et l’accident de Fukushima, dont les conséquences ne sont toujours pas totalement maîtrisées sur le territoire japonais, reste présent dans tous les esprits.
Se pose enfin la question des charges futures : celles du démantèlement des installations à la fin de leur exploitation, celles de la gestion des combustibles usés et des déchets.
De par votre grand travail, vous avez réussi à aborder toutes ces questions et à faire des recommandations.
Je laisse au rapporteur de la Commission le soin de présenter ce travail.
Mais je voudrais, avant cela, insister sur deux enseignements qui me tiennent tout particulièrement à cœur.
Le premier, c’est l’urgence à décider et à faire. Je veux rappeler l’urgence de trancher sur ces questions et l’urgence d’engager notre société vers le nouveau mode de vie qui doit être le sien au XXIème siècle.
Pour respecter l’engagement présidentiel de passer de 75 % à 50 % de nucléaire en 2025, il faut que le changement commence vite, aussi pour que nos grands industriels se diversifient et poursuivent leur mutation.
La France, qui est le pays hôte de la prochaine Conférence Climat 2015, se doit de montrer l’exemple et d’avoir elle-même adopté les dispositions nécessaires aux changements de comportement, avant que ne commencent les négociations.
Le second élément primordial, c’est qu’il faut penser et agir « positif ». La transition énergétique est aussi une opportunité pour la croissance, une source d’innovation et d’emplois. Et elle doit être pensée comme telle. Vos travaux le montrent bien.
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Vous savez mon attachement à ces questions de transition énergétique et écologique qui nous réunissent depuis novembre 2013 tous les premiers mardis de chaque mois. Les Mardis de l’Avenir répondent au même objectif que votre rapport : alerter, renseigner, avant de débattre et d’agir.
La transition énergétique, c’est aussi dépasser les vieux clivages pro et anti-nucléaire. Le travail de cette commission d’enquête montre que c’est possible.
La transition énergétique doit figurer parmi les missions historiques de cette législature, par cette future loi d’abord, et aussi par notre implication dans la préparation de la COP 21.
Parce que la transition énergétique, ce n’est pas un simple supplément d’âme ou une idée à la mode, mais bien le socle du nouveau modèle de développement et de solidarité de notre société, faisant émerger les nouveaux modes de vie, de consommation et de production de demain.
La transition énergétique ne doit pas être une option pour demain, mais une réalité dès aujourd’hui.
Il nous faut agir ensemble, être ambitieux et audacieux : nous le devons pour nous-mêmes et pour les générations futures.
Ne passons pas à côté de notre histoire !
Je suis certain que votre rapport constituera une base utile pour nos prochains débats. Il sera un outil précieux pour arriver à un élan du plus grand nombre vers ce nouveau projet de société tant appelé de nos vœux.
Je vous remercie.