Remise du rapport de la mission d’information sur la candidature de la France à l’exposition universelle de 2025

Remise du rapport Exposition universelle
29 octobre 2014, hôtel de Lassay

Messieurs les Président et Rapporteur, cher Jean-Christophe, cher Bruno,
Mesdames Messieurs les porte-paroles d’ExpoFrance 2025,
Mes chers collègues,

Le 22 janvier dernier, nous vous avons confié une mission cher Jean-Christophe, cher Bruno. Une mission un peu particulière. Il ne s’agissait pas d’évaluer un dispositif économique. Il ne s’agissait pas de rendre compte d’une décision de gestion, il ne s’agissait pas de compiler et d’analyser des données pour en tirer une conclusion rationnelle. Non. Nous avons levé les yeux des graphiques et délaissé les tableaux de pourcentages, nous avons ouvert les fenêtres de nos bureaux encombrés de notes et de papiers. Nous vous avons confié la mission de nous faire reprendre souffle, de retrouver un goût négligé, le goût du rayonnement.

Regardons dans les yeux la France contemporaine, partout où elle vit, partout où elle travaille, partout où elle souffre trop encore, partout où la fatalité tente d’abattre sur nos concitoyens ses lois trop prévisibles.

Regardons mes chers amis. Face au doute que la naissance du nouveau monde provoque, on veut faire croire à l’inexorable destin d’une nation que l’on ose, mot sacrilège, qualifier de « puissance moyenne ».

La France, nation universaliste par excellence, dont on a tellement confondu, et on confond encore, les tentatives régulières d’inventer des moyens de diffuser le progrès à tous avec l’arrogance de toujours vouloir avoir raison.
   
Si c’est cela l’arrogance, si l’arrogance c’est la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, si l’arrogance c’est de proclamer avec Léon Blum le droit au loisir pour tous, si l’arrogance c’est de proclamer avec le Conseil national de la Résistance le droit à la Sécurité sociale, si l’arrogance c’est de savoir produire le TGV, Airbus et la fusée Ariane, si l’arrogance c’est d’avoir incarné durant un siècle le progrès mondial avec les Expositions universelles, alors oui, nous sommes arrogants en France. 

Les Expositions universelles justement. Souvenons-nous de ces lignes du Général de Gaulle : « le côté positif de mon esprit me convainc que la France n'est réellement elle-même qu'au premier rang, que seules de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même. (…)

La France ne peut être la France sans grandeur ». A quoi pensait-il, croyez-vous ? La France de son enfance, c’était Proust bien sûr, c’était Péguy, c’était la peinture et la musique de la Belle Époque, c’était l’école de la III ème République, mais c’était aussi les Expositions universelles.

Je ne referai pas cette glorieuse histoire ici, vous la connaissez.

Il suffit de relire les romans de l’époque, pour ressentir cet espoir incroyable que le peuple mettait dans le progrès qu’il visitait comme une cité des sciences entre les pavillons de cette Exposition.

Espoir souvent déçu, bien sûr, tout au long du siècle, puisque le progrès aboutit aussi bien à l’eau courante qu’au napalm et aux vaccins qu’à la bombe atomique.

Est-ce une raison pour ne pas vouloir s’en emparer et le faire servir au bien-être des populations? Bien sûr que non. 

La rumeur des esprits chagrins et des politiques gestionnaires sur le coût, les priorités ou les embouteillages sera vite étouffée. Qui veut s’encombrer ainsi quand on parle d’universalité ?

Encore une fois, la France est grande, mais la France doute. Et que fait la politique face à cette défiance, à ce manque de confiance, à cette désespérance ?

Dans le pire des cas, elle attise les peurs ; dans le meilleur des cas, elle console les craintes. Où est l’espérance ?

Et que font les autres grands pays, ceux dont l’émergence ou la volonté de sortir des crises est à l’ordre du jour ?

Les prochaines expositions se tiendront à Milan en 2015, à Astana au Kazakhstan en 2017 et à Dubaï en 2020. La France n’a pas peur de ces pays, bien au contraire. Mais elle a tant de choses à dire sur le monde d’aujourd’hui que ces pays pourraient ou devraient entendre. Une Exposition universelle, c’est suspendre le travail quotidien, c’est prendre le temps de parler à tous les peuples de la communauté internationale. 

Vous avez réuni, cher Jean-Christophe, en tant que Président d’ExpoFrance 2025, à plusieurs reprises, une assemblée de talents pour rendre ce projet possible.

Députés, dirigeants d’entreprises, artistes, artisans, et journalistes étaient présents, vigilants, enthousiastes, rigoureux, efficaces.

Ils étaient là pour relever les étapes de ce travail continu qui doit aboutir à l’organisation de la candidature de la France et du Grand Paris pour accueillir l’Exposition universelle de 2025.

Le sénateur et maire d'Alfortville, Luc Carvounas était à vos côtés. Vous bénéficiez de la confiance populaire : des sondages sur l'Exposition révèlent une bonne image du projet pour 90 % des français.

J’ai lu de premières idées, ce ne sont que des ébauches. On pense à l'idée du palais omnibus de 1867 qui occupait tout le Champ-de-Mars. On pense au Grand Paris et à ses nouveaux territoires traversés par le Grand Paris Express qui marqueraient les progrès de la ville depuis 1937. On pense aux villes de France, à tout ce qu’elles pourraient exprimer, raconter, célébrer.
   
L’ambition du projet intimide, c’est de bon augure. On est aussi intimidé devant les trois porte-paroles du comité de soutien : la navigatrice Maud Fontenoy, qui a traversé seule des océans, la grande cheffe Anne-Sophie Pic, dont le talent et le travail ont décroché trois étoiles au Michelin, et le mathématicien Cédric Villani, lauréat de la prestigieuse médaille Fields en 2010.

Vos porte-paroles incarnent la France d’aujourd’hui. La France de l’aventure, de la conquête, et j’ose dire, la France flamboyante, idéaliste et solidaire.

L’élite de l’esprit français vous inspire, mais vous ne vous êtes pas arrêtés là.

Sachant bien que l’Exposition universelle doit se projeter dans l’avenir comme l’innovant et génial Gustave Eiffel a su le faire en assemblant les bouts de fer de sa tour, vous avez mobilisé les élèves et étudiants de grandes écoles et d’universités. Ils participent à douze ateliers de travail, que vous avez lancés le 25 septembre, tout récemment.

Au sein de chacun de ces ateliers, à Paris, et dans toute la France, sera exploré l’un des thèmes qui constitueront finalement notre dossier de candidature.

Rendu en janvier 2015, ces rapports permettront à notre jeunesse de débrider ses aspirations.

La jeunesse de France, que je vois tous les jours, dans les quartiers de Seine-Saint-Denis, et partout où je vais ! Cette jeunesse parfois calomniée, souvent dénigrée, toujours sous-évaluée !

C’est un des plus enthousiasmants avantages de votre projet que de rendre à la jeunesse la chance de nous montrer ce qu’elle sait faire, que l’imagination, grâce à elle, peut encore être au pouvoir.

Oui, l’imagination est au pouvoir. Les dernières Expositions, depuis Lisbonne en 1998, ont lié innovation technologique et développement durable, en constituant des tribunes inédites à l’exigence d’excellence technologique.

Notre Exposition universelle célébrera la social-écologie que nous voulons présenter à toutes les nations qui nous visiterons. Pour qu’aucun progrès ne soit pas suivi aussi du mode d’emploi de sa diffusion vers l’amélioration du sort des gens, et vers la préservation de notre planète.

Pour que cette Exposition, en France, montre enfin que la modernité sait penser les défis durables, que nous savons, si nous nous unissons, si nous libérons nos imaginations, construire un bel avenir. Faisons ressentir à nos concitoyens que rien, rien n’est trop grand pour eux.