Restitution des travaux du projet européen AKI

Restitution des travaux du projet européen AKI
sur la valorisation des acquis de la mobilité internationale pour l’employabilité et la citoyenneté active des jeunes
Hôtel de Lassay, lundi 30 janvier 2017, 14h

 

Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les Secrétaires généraux,
Chers amis,
Chère jeunesse,

Soyez toutes et tous les bienvenus à l’Assemblée nationale.

Avant toute chose, je voudrais exprimer au peuple québécois toute ma tristesse et, au nom de la représentation nationale, ma solidarité la plus sincère après l’ignoble attaque, hier soir, du Centre culturel islamique de Québec, qui a fait six morts. Je pense aujourd’hui aux blessés nombreux, qui luttent et souffrent.
La lutte contre le terrorisme, en France et au Québec, nous trouvera toujours unis, forts et résolus.

Nous voici rassemblés pour célébrer la jeunesse ! Non pas pour en dire de belles choses que nulle action ne sanctionnera, non pas pour célébrer le sel de la terre pour n’en rien faire ensuite, mais pour agir.
Oui, nous voici rassemblés pour fêter la jeunesse qui avance, qui voyage, qui étudie, qui travaille, qui bouscule les codes de l’ordre établi, qui rentre dans le monde du travail avec son enthousiasme, sa verve et sa faculté de créer.

Bienvenu donc, bienvenu à la restitution des travaux du projet européen AKI sur la valorisation des acquis de la mobilité internationale pour l’employabilité et la citoyenneté active des jeunes, dans les murs du cœur institutionnel et souverain de la République.

Je remercie et félicite ici les créateurs, animateurs et partenaires de cette belle opération, l'Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ), l'Office Franco-Québécois pour la Jeunesse (OFQJ) l'Union Wallonne des Entreprises et notre coordonnateur, l’Institut Supérieur de Formation Permanente (INSUP), Erasmus+.

Un premier colloque, le 10 octobre dernier, vous avait réunis autour des thèmes des « Compétences transversales, insertion socio-professionnelle et mobilité internationale ». Vous aviez découvert deux outils que le projet élaborait, pour la plus grande satisfaction de la jeunesse : un référentiel européen de compétences transversales et un kit d'évaluation.

Aujourd’hui, pour ce deuxième colloque, vous vous retrouvez pour approfondir les thèmes des compétences développées en mobilité internationale au service de l’emploi et de la citoyenneté active.

Toute l’après-midi, vous assisterez et participerez à des présentations, témoignages, analyses et propositions qui vous porteront au cœur des besoins de la jeunesse, qui non seulement doit s’intégrer dans le monde qui vient, mais qui doit surtout disposer des instruments et des armes pour l’approprier, le transformer, et, s’il est possible, l’aimer.

Le programme européen, avec ses nombreux partenaires, a un objectif clair : valider les acquis de la mobilité internationale. Pourquoi ? Pour améliorer l’employabilité des jeunes. Par des produits innovants, les compétences sont transformées en acquis, au-delà d’une simple évaluation.

En effet, nous sommes, par ce programme, au cœur des débats européens et internationaux. Prenons l’exemple européen. Je sillonne l’Union européenne depuis que j’ai la mission de présider notre belle Assemblée.

De coopérations parlementaires en sommets européens ou communautaires, de réunions avec mes homologues à des rencontres avec les européens, leurs jeunesses, leurs citoyens, leurs associations, leurs entreprises, j’ai senti à la fois la grandeur du projet européen, l’immensité historique de l’idée du rapprochement des peuples, et la fragilité d’une évolution historique. Pourquoi fragile ? Fragile parce qu’aucune promesse politique ne résiste longtemps à un sentiment d’insatisfaction des peuples.

L’Europe doit entrer dans la vie même des Européens. Ce fut, bien entendu, et c’était un premier pas saisissant, l’objet du programme Erasmus. Ce programme d’échanges étudiants et enseignants, comme chacun sait, est né en 1987. Ce fut un succès car ce fut un immense espoir pour la jeunesse. 100 000 étudiants bénéficiaires en 1999, 200 000 dix ans plus tard, nous nous approchons des 300 000 aujourd’hui. Plus de trois millions d’Européens en ont bénéficié. Est-ce une satisfaction ? Oui, bien sûr. Est-ce suffisant ?

Non, évidemment. Les chiffres d’Erasmus devraient croître beaucoup plus vite.

Votre ambition est plus grande encore. Une expérience de mobilité internationale n’est pas, selon vous, qu’un moment de vie, d’études ou de travail que l’on peut résumer en une ligne sur un curriculum vitae. Une mobilité internationale est un moment de vie intégral. Pendant un certain temps, quelques mois ou quelques années, on vit ailleurs, on va à la rencontre d’autres esprits, d’autres coutumes, on se confronte à d’autres compétences, d’autres instruments. On est ouvert à une autre langue, bien sûr, mais aussi à une autre forme d’exercer la citoyenneté, le rapport à un système politique, à un tissu associatif, à un autre rapport entre l’employeur et les salariés, et à une autre conception du temps libre, de l’épanouissement, de la réflexion, de la méditation, que sais-je encore !

Quel étudiant bénéficiaire d’un programme Erasmus, quel jeune travailleur qui revenait d’une expérience dans un autre pays, n’a pas été frustré de voir ces mois et ces mois d’immersion totale, source d’un bouleversement de vie, de conceptions et de pensées, ramenés à quelques mots sur un papier.

Mais vous êtes venus. Vous avez travaillé ensemble, conçu la grande ambition de répondre à ce défi.

Il fallait être innovant et inventer de nouvelles manières de parler de soi, de valoriser des expériences et de concevoir une vie. C’est ce que les travaux du projet européen AKI ont permis de faire aboutir. Désormais, grâce à vos instruments innovants, la jeunesse se voit reconnaître des compétences liées à la rencontre entre les peuples : ouverture d’esprit, confiance en soi, sens des relations interpersonnelles, adaptation au changement, sens des responsabilités. Vous avez produit des documents, élaboré des outils de valorisation et d’harmonisation. Tout cela sera bientôt sur Internet, dans quelques instants je crois, puisque votre site aki.org sera lancé au cours de ce colloque qui, décidément, s’annonce aussi fondateur que passionnant.

J’ai pris l’Europe comme exemple, puisque je suis européen et que ce défi s’est posé, instamment, concrètement, aux personnalités politiques européennes. Erasmus+, d’ailleurs, est un partenaire fondamental de votre opération. Mais, comme le montre vos origines et l’ambition de vos travaux, l’enjeu est désormais mondial.

La mondialisation ne doit pas être que celle du moins-disant social, des opportunités de dumping fiscal ou social.

Elle doit surtout être, si la volonté politique suit et en porte l’idée et l’exigence, une rencontre mondiale des peuples, des étudiants, des travailleurs, des créations, des énergies et des intelligences. Vos travaux aideront, j’en suis sûr, la noble tâche de construire un monde plus juste puisque ceux qui voyagent seront confortés, assurés de se voir reconnus les efforts et les élans qui portèrent loin de chez eux des âmes ardentes de nouveaux horizons.

« L’homme qui veut s’instruire doit lire d’abord, et puis voyager pour rectifier ce qu’il a appris » écrivait Giacomo Casanova, non seulement grand esprit des Lumières, mais aussi grand européen. Le voyage n’est pas un mode de divertissement ou une échappée vers un ailleurs incertain ; c’est une composante du processus de formation d’une conscience libre. Si les programmes d’échanges et de mobilité ont autant de succès, et qu’ils sont à ce point liés aux désirs et aux espoirs de nos jeunes, c’est que notre jeunesse a envie de grandir, d’agir, de découvrir, de s’épanouir ! Quelle immense richesse sort d’un nouveau langage de pensée !

Que de ressources possèdent celle ou celui qui s’est extrait de lui-même pour revenir enrichi, lesté des connaissances de l’Autre !

Mes chers amis,
Vous avez montré que lorsque la volonté et l’audace inspirent nos travaux, les murs de l’impossible peuvent vaciller et surprendre les plus incrédules. Soyons fiers et heureux de ces avancées. Tout grand projet, du plus administratif au plus technique, ne s’illumine que lorsqu’une idée claire, simple et grande l’inspire. C’est le cas aujourd’hui. Vous avez voulu que notre jeunesse parte pleine d’espoir vers d’autres contrées pour, comme le dit Montaigne, « limer sa cervelle contre celle d’autrui ». Qu’elle parte confiante, qu’elle parte le cœur léger et heureux, puisque qu’elle saura désormais que si elle vient à la rencontre du monde, le monde le saura, le reconnaîtra et lui dira bravo !.

Je vous remercie.