Les nouvelles énergies : 6e débat du cycle des "Mardis de l'Avenir"

Les Mardis de l’Avenir

La transition écologique en débat

Nouvelles énergies

Mardi 6 mai 2014 – Hôtel de Lassay

 

Madame la présidente, chère Laurence Tubiana,

Monsieur le président Bal,

Monsieur le président Beulin,

Madame la directrice générale, (Sandra Lagumina, grdf)

Mesdames et messieurs les députés,

Mesdames et messieurs,

Chers amis,

 

Nous sommes réunis ce soir pour la sixième édition des Mardis de l'avenir.  

Lorsque j’ai lancé, à l’automne dernier, ces débats pluralistes sur la transition écologique, ils s’inscrivaient dans la continuité presque immédiate du débat national sur la transition énergétique, le fameux DNTE.

Notre idée était simple, chère Laurence Tubiana : créer un lieu de transition – justement - entre le débat des parties prenantes et celui des parlementaires, afin de familiariser ces derniers aux enjeux de la transition énergétique, et de valoriser le travail effectué pendant huit mois par les membres du conseil national du débat.

Nous pensions alors que la loi de transition énergétique serait bouclée au printemps… Force est de constater que nous n’y sommes pas, et cela montre l’ampleur qu’une telle révolution recouvre pour une société comme la nôtre.

Cela nous donne l’occasion d’aborder à nouveau ensemble l’ambition de la France pour réaliser sa transition énergétique. Et les sujets ne manquent pas. L’actualité économique vient même de nous le rappeler  fort à propos.

Pour évoquer les transformations profondes qu’engendre un nouveau modèle énergétique dans nos modes de vie, dans nos cultures administratives et économiques, nous avons fait, avec les Mardis de l’Avenir le pari de la confrontation des idées au service de l’intelligence collective.  

Et que constatons-nous au fil de ces soirées de débat ?

Que ce sont bien souvent nos ambitions politiques, nos revendications sociales, nos évolutions sociétales, nos innovations industrielles, qui nous ouvrent la voie de cette transition.

C’est alors que le rôle des députés, représentants de la nation, prend tout son sens.

La transition énergétique de la France, ce n’est pas seulement bousculer nos élites et modifier nos logiciels de gestion centralisée, c’est répondre aux attentes des français.

Pour desserrer l’étreinte du chômage, pour renouer avec la croissance et la prospérité, pour créer un nouveau droit : celui de vivre dans un environnement de qualité, la transition énergétique est indispensable à nos compatriotes.

Notre responsabilité, et le grand enjeu de ce débat, c’est de convaincre les français que nous oeuvrons pour leur bien-être et celui de leurs enfants. Pour cela, nous devons donner des gages.

Je vous propose d’aborder ce soir les énergies renouvelables. Depuis le commencement des « Mardis de l’Avenir », j’ai souhaité que nous placions la question énergétique au service du redressement industriel de la France et de son rayonnement économique, autant que dans une optique de progrès social et environnemental.

Les énergies renouvelables, en France, en Europe, et dans le monde, sont le grand défi industriel du XXIe siècle.

Pour la France, dont le mix énergétique est très singulier, elles constituent à la fois une formidable opportunité et pour certains, une menace.

Grâce aux décisions stratégiques que nos prédécesseurs ont prises il y a aujourd’hui quarante ans, notre modèle énergétique est très peu émetteur en gaz à effet de serre, et notre électricité est, jusqu’à maintenant, bon marché.

C’est pourquoi les énergies renouvelables, et en particulier les énergies électriques en dehors de l’hydroélectricité, n’ont pas constitué une priorité pour notre développement.

Ainsi, pour la France, la transition énergétique est réellement une question d’ordre culturel, quasiment spirituel! Notre outil industriel, des grands groupes aux PME, nos instruments de financement, nos administrations, n’y sont pas tout à fait prêts.

Ce sont très largement les élus locaux et leurs partenaires économiques qui sont à l’origine du développement des  nouvelles énergies. Ce sont les initiatives territoriales qui ont entraîné leur régulation. Saluons cette clairvoyance.

Mais au sein d’un marché mondial lui-aussi en plein bouleversement, ces projets dispersés ont pu conduire à des excès, et demandent à être évalués.

Les politiques de soutien aux énergies renouvelables, en France comme en Allemagne et partout en Europe, doivent être remises à plat pour faire entrer ces nouvelles formes de production dans un modèle économique pérenne.

Nous devrons garantir que ces aides, cet investissement sur l’avenir, ne pèsent pas de manière injuste ou excessive sur la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des ménages.

J’attends de notre débat qu’il précise à quelles conditions le bouquet énergétique national peut se diversifier.

Car comment expliquer que certains jours au Danemark, en Irlande, au Portugal, ou en Espagne, des sources renouvelables couvrent jusqu’à 80% de l’électricité consommée, quand la France peine à dépasser les 15% ?

Dans un cadre européen régulé, qui affirme son objectif de limiter les émissions de carbone, nous devons pouvoir trouver la voie du développement en France des énergies renouvelables et c’est d’ailleurs le sens des différents scénarios issus du débat de 2013, qui préconisaient tous le doublement d’ici 20 ans de la production nationale.

Augmenter la part des renouvelables, c’est garantir à notre système énergétique sa pérennité.  Alors que nos équipements de production vieillissent et demandent à être renouvelés, nous devons résolument diversifier nos ressources. 

Développer les énergies renouvelables, rapprocher le consommateur du producteur, c’est le sens de l’histoire. C’est entrer dans une logique de développement durable.

Nos atouts parlent pour nous : la France est le premier pays agricole de l'Union européenne, et l’agriculture tient un rôle majeur dans la transition énergétique, notamment grâce au développement de la méthanisation.

Plus de 6 millions de français se chauffent au bois, et la ressource est abondante. Nous devons contribuer à valoriser plus efficacement le potentiel forestier du pays, plus de 15 millions d’hectares.

La France, c’est aussi le 2ème espace maritime mondial.

Ses industries du maritime et de l’offshore lui assurent une base technologique et des capacités d’innovation pour investir le marché d’avenir des énergies marines.

Nous disposons, enfin, d’un des meilleurs réseaux de transport et de distribution du monde. On nous envie nos opérateurs et nos infrastructures.

Faisons le pari que nous trouverons les bons instruments pour hisser notre pays parmi les grands développeurs industriels des énergies renouvelables.

Il en va de l’efficacité de notre modèle énergétique, mais aussi de notre capacité à exporter.

L’actualité nous plonge dans ce débat : nous disposons de champions industriels dans le domaine de l’énergie.

Leur carnet de commandes est rempli.

Vous en êtes les témoins, dans toutes les nouvelles énergies, même les moins conventionnelles, la France dispose d’entreprises à la pointe de la technologie mondiale.

Nous avons aussi investi les domaines du numérique qui donneront toute son efficacité au nouveau mix énergétique avec une gestion plus efficace de la demande.

Développer et soutenir ces filières, c’est créer de l’emploi en France. Plusieurs centaines de milliers d’emplois.

Et au-delà, la transition énergétique porte la vision d’une société réunifiée, tournée résolument vers l’avenir.

Je vous remercie.